Le défi démographique des économies africaines
L’un des objectifs de l’ONU est de « promouvoir une croissance économique soutenue, en fournissant le plein emploi productif d’ici à 2030 ». Cet objectif ambitieux demandera une contribution importante de la part de l’Afrique, vivier d’environ la moitié de la nouvelle population active prévue pour les 15 prochaines années.
Environ 284 millions de personnes intégreront la population active d’ici 2030 rien qu’en Afrique subsaharienne, soit 18,9 millions de travailleurs par an.
Ce défi ne cessera de grandir : d’ici 2063, environ 1,16 milliard de personnes en Afrique subsaharienne accéderont au marché du travail. L’atteinte de ces objectifs en termes d’emploi dépendra de la croissance économique, qui à son tour nécessitera le développement de nouveaux secteurs d’activité et de liens commerciaux renforcés pour la région.
Conjoncture économique difficile
L’étude publiée récemment par Commerzbank, Faire face aux vents contraires après le retournement économique, démontre que cette croissance de la population active et les besoins en emplois qui en découlent surviennent à un moment difficile. La croissance moyenne du PIB en Afrique subsaharienne a chuté pendant les 10 dernières années, de 5% à seulement 3,4% en 2015, et la prévision pour 2016 s’établit à 1,4%.
Cette baisse s’explique essentiellement par la chute du prix des matières premières, qui limite les revenus provenant de l’exportation. La baisse du prix du baril a ralenti la croissance du PIB au Nigéria de 6,3 % en 2014 à 1,7 % en 2016. En Zambie, la demande atone du cuivre et du cobalt a entraîné une baisse conséquente du PIB, de 7,1% en 2014 à environ 2% aujourd’hui.
Ce défi ne cessera de grandir : d’ici 2063, environ 1,16 milliard de personnes en Afrique subsaharienne accéderont au marché du travail.
La nécessité de nouveaux secteurs
Les pays de l’Afrique devront trouver le moyen de développer leur économie afin de gérer cet afflux sur le marché de l’emploi.
La solution est la diversification. Les pays de l’Afrique devront moins dépendre de l’export des matières premières à faible valeur, et développer plutôt des secteurs à valeur ajoutée et plus résistants à long terme, par exemple les industries manufacturières traditionnelles, ou les secteurs innovants tels que l’informatique ou les énergies renouvelables.
De nombreux pays ont également besoin d’un renouveau du secteur agricole: certains importent des denrées alimentaires de base qu’ils pourraient cultiver localement. Ce renouveau agricole réduirait également l’afflux insoutenable de la population rurale vers les grandes villes.
Certaines économies de l’Afrique démontrent déjà des progrès importants : le secteur des services en Tanzanie a affiché une croissance du PIB de 7% par an. Le Kenya présente une croissance de 5,4% du PIB en 2015, grâce à des secteurs tels que le transport (18%) et les services financiers (8%).
Boom démographique
La grande population active et jeune en Afrique pourrait être un vrai atout pour le développement de ces secteurs. En Éthiopie, la population de 100 millions de personnes sera une source de soutien pour le Plan de Croissance et de Transformation II 2015-2020, qui vise à promouvoir les industries manufacturières et le secteur des textiles, ainsi que l’agriculture.
La population du Nigeria de 190 millions de personnes pourrait attirer de l’investissement international. Fort de ses 60 ans d’expérience dans le pays, Commerzbank y discerne des opportunités importantes, telles que le conseil aux agences gouvernementales, ainsi que des relations d’affaires avec les banques commerciales. Des liens entre les banques internationales actives et les banques locales sont primordiaux sur tout le continent afin d’accompagner les entreprises, en leur permettant de développer leurs activité.
Le contexte économique actuel représente un défi, mais grâce à la diversification et à la création d’emplois, l’Afrique subsaharienne pourra prétendre à une reprise solide.
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