États-Unis : la victoire de Donald Trump, quelles conséquences pour l’Afrique ?

Après la victoire de Trump, la question qui se pose désormais est celle des conséquences pour l’Afrique. Un continent que le nouvel occupant de la Maison blanche connaît si peu.

Donald Trump, le 5 novembre en Floride. © Evan Vucci/AP/SIPA

Donald Trump, le 5 novembre en Floride. © Evan Vucci/AP/SIPA

Publié le 9 novembre 2016 Lecture : 4 minutes.

Donald Trump au soir de son élection, serrant la main de son futur vice-président Mike Pence , le 9 novembre 2016. © Evan Vucci/AP/SIPA
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Trump, 45e président des États-Unis

Donald Trump a remporté mercredi 9 novembre l’élection présidentielle américaine, coiffant au poteau sa concurrente démocrate Hillary Clinton et succédant ainsi à Barack Obama à la Maison Blanche.

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L’un des rares points communs entre le programme de Hilary Clinton et celui de Donald Trump était le peu de place qu’ils accordaient à l’Afrique. Mais du côté républicain, au manque d’intérêt s’ajoute une ignorance outrancière du continent – et de la politique internationale en général.

Vers le retour de l’isolationnisme américain ?

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Pendant sa campagne, Donald Trump a multiplié les analyses géopolitiques farfelues – au mois d’août il accusait Obama d’être le fondateur de Daesh – et avait même parfois du mal à prononcer le nom de certains pays comme la Tanzanie. L’ex-candidat républicain n’a cependant cessé de dénoncer la politique interventionniste américaine au Maghreb et au Moyen Orient. « La diplomatie américaine a fait erreur sur erreur en Irak, en Égypte et en Libye jusqu’à l’enlisement d’Obama en Syrie (sic). Chacune de ses actions ont jeté la région dans le chaos et a donné à l’État islamique la place dont il avait besoin pour prospérer », déclarait-il ainsi le 27 avril. Et de regretter Sadam Hussein, Hosni Moubarak et Mouammar Kadhafi… après avoir soutenu à l’époque les interventions qui ont causé la chute des leaders irakien et libyen. Sur la question syrienne, il est aujourd’hui sur la même ligne que son homologue russe Vladimir Poutine qu’il admire : Bachar al-Assad doit rester au pouvoir.

Alors, l’arrivée de Trump sonnera-t-elle la fin de l’interventionnisme américain ? Difficile de tirer des conclusions avec certitude tant les prises de positions de Trump sont erratiques, notamment lorsqu’il promet une « position neutre » sur la question palestinienne tout en chantant les louanges du « winner » Benyamin Netanyahou.

En attendant, plusieurs leaders africains ont déjà fait part de leur satisfaction de voir Trump arriver au pouvoir. Un président isolationniste pourrait arranger les affaires de certains, notamment ceux qui cherchent à jouer les prolongations au pouvoir et qui ne supportaient plus les leçons de morale d’un Barack Obama.

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L’épisode Manafort

Donald Trump a eu pendant plusieurs mois Paul Manafort comme directeur de campagne. Personnage politique bien connu sur le continent africain pour avoir conseillé, entre autres, Mobutu au Zaïre, Barre en Somalie ou encore Obiang en Guinée équatoriale. Sa collaboration avec le candidat républicain a cependant pris fin en août après qu’il a été impliqué dans une affaire de corruption en Ukraine. Sur les question de politique étrangère, Trump est aujourd’hui conseillé par Jeff Session sénateur de l’Alabama depuis 1997.

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Une vision caricaturale de l’Afrique

L’Afrique n’a pas été une priorité de la campagne de Trump qui a principalement axé son discours sur l’économie américaine et les délocalisations de ses industries en Amérique du Sud et en Asie. Si l’on veut se donner une idée de la vision (misérabiliste) qu’il se fait du continent, il vaut mieux ainsi se référer à l’historique de son compte Twitter. Et ce n’est pas glorieux.

En 2013, il donne ainsi son jugement sur l’aide au développement et sur la capacité du continent à en faire un bon usage : « Chaque penny des 7 milliards versés par Obama à l’Afrique sera volé. La corruption est endémique ! »

La même année, toujours sur Twitter, il déclare aimer Mandela, « mais l’Afrique du Sud est un amalgame criminel prêt à exploser. »

L’année suivante, en pleine crise Ebola, il demande à ce que les États-Unis « interdisent l’entrée du territoire aux personnes infectées ».

Au final, ce que l’on aura surtout retenu de l’Afrique pendant la campagne de Trump, c’est que l’Afrique est un sublime terrain de jeu… pour ses fils. Pendant la campagne, des photos macabres de safaris ont refait surface. On y voit Eric et Donald Junior Trump exhiber leur trophées de chasse au Zimbabwe en 2012.

Les Africains musulmans interdits de territoire américain ?

Si Trump tient ses promesses (ce qui sera difficilement faisable), des millions d’Africains devront être interdits de territoire américain. En effet, pendant sa campagne, le 7 décembre 2015, le candidat républicain a appelé « à l’arrêt total et complet de l’entrée des musulmans aux États-Unis ».

Économie  : le « potentiel extraordinaire de l’Afrique »

Le nouveau président sera peut-être moins caricatural dans les affaires que devant le peuple américain. Walid Phares, conseiller du Parlement américain rallié à Donald Trump parmi une équipe d’une douzaine d’autres conseillers sur les questions de politique internationale, indiquait en août à Voice of America que les États-Unis feraient preuve de solidarité vis-à-vis des pays africains. Dans une interview à France 24, le 24 octobre, Phares, qui parle couramment français, indiquait que « Donald Trump vient du monde du business et a l’habitude de gérer des crises différentes à l’échelle internationale », et rappelait qu’il a côtoyé de très nombreux responsables politiques dans sa carrière.

La plateforme politique du Parti républicain, dont Donald Trump a été élu comme candidat en juillet, note quant à lui le « potentiel extraordinaire de l’Afrique », plaidant pour le renforcement des liens avec les « alliés africains » par « l’investissement, le commerce et la promotion d’un marché démocratique et libre ». Un programme qui appelle également au renforcement de la coopération économique et militaire avec les pays « sous l’assaut du terrorisme », citant Boko Haram ou les Shebab. Et qui prend acte de ce que l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), qui permet à plusieurs produits en provenance d’une quarantaine de pays d’Afrique subsaharienne de bénéficier d’un accès préférentiel au marché américain, a été prorogé par le président Barack Obama jusqu’en 2025. En ce qui concerne la santé, le document note que le Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR) « continue à sauver des millions de vie ».

En revanche, pas un mot du Power Africa, le vaste plan d’électrification de l’Afrique subsaharienne qui a été impulsé par le président américain Barack Obama. Il est ainsi difficile de prédire la politique africaine du futur président. En cette matière comme en d’autres, l’incertitude plane.

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