Afrique du Sud : Jacob Zuma de nouveau visé par une motion de défiance

Une nouvelle motion de défiance contre Jacob Zuma, englué dans plusieurs scandales de corruption, sera examinée jeudi au Parlement sud-africain. Mais l’indéboulonnable président pourrait tout de même échapper à la destitution.

Jacob Zuma, président sud-africain, le 3 novembre 2016 à l’aéroport d’Harare. © Jekesai Njikizana/AFP

Jacob Zuma, président sud-africain, le 3 novembre 2016 à l’aéroport d’Harare. © Jekesai Njikizana/AFP

Publié le 10 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

C’est la troisième fois en moins d’un an que le chef de l’État sud-africain est contesté à l’occasion d’un vote de censure ou de destitution. Au pouvoir depuis 2009, Jacob Zuma a « provoqué le chaos dans notre jeune démocratie », l’accuse le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), à l’initiative de la nouvelle motion de défiance.

Cette démarche a été entreprise dans la foulée de la publication, la semaine dernière, d’un rapport de la médiatrice de la République qui a jeté un regard cru sur la gestion des affaires de l’État par le président.

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Ce rapport vient s’ajouter à la longue liste des affaires qui ont défrayé la chronique de la présidence Zuma, à commencer par celle des travaux effectués dans sa résidence privée qui l’a contraint à rembourser 500 000 euros. Et d’autres menaces se profilent à l’horizon, comme la reprise par la justice de poursuites pour corruption, fraude fiscale et racket, abandonnées en 2009, dans une affaire de pots-de-vin liés à un contrat d’armement.

Vingt ans après l’entrée en fonction du premier gouvernement post-apartheid en 1994, cette litanie de scandales suscite de plus en plus de colère dans la jeune démocratie « arc-en-ciel ».

Pourquoi la motion a « zéro chance » de passer

Mais la motion discutée jeudi, qui obligerait le président à démissionner si elle était adoptée, a « zéro chance » de passer, prévient Patrick Bond, professeur d’économie politique à l’université du Witwatersrand à Johannesburg.

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Le Congrès national africain (ANC) de Zuma dispose au Parlement d’une solide majorité de 249 sièges sur 400 qui écarte tout scénario surprise. Même si, après le revers subi aux élections locales d’août, la révolte gronde de plus en plus contre le président dans les rangs de son propre parti.

En octobre, le président de son groupe parlementaire, Jackson Mthembu, a exprimé son ras-le-bol et appelé Jacob Zuma à démissionner. Et les vétérans de la lutte contre l’apartheid ne se privent plus de le critiquer publiquement.

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Le parti est « plus divisé que jamais sur la présidence Zuma », note Loammi Wolf, spécialiste en droit constitutionnel.

Mais le chef de l’État garde encore, pour l’instant, le soutien de sa majorité. « Les personnes clé de l’ANC sont très favorables à Zuma », souligne Patrick Bond. Il reste « solidement assis sur sa selle », a titré cette semaine le quotidien Business Day.

« Rituel annuel et frivole »

Si les parlementaires désobéissaient et votaient pour la motion, « ils perdraient leur emploi », explique Shadrack Gutto, de l’université d’Afrique du Sud à Pretoria.

L’ANC a ironisé d’ailleurs sur la nouvelle motion de défiance, qualifiée de « rituel annuel et frivole », et dénoncé « l’arrogance grandissante » de la DA. Les appels au départ du président sont « prématurés et infondés », a tranché son secrétaire général, Gwede Mantashe.

Le mandat de Jacob Zuma à la tête de l’Afrique du Sud s’achève en 2019. Mais dès fin 2017, l’ANC élira un nouveau président pour le parti et pourrait décider, dès ce moment-là, de le remplacer à la tête de l’État, pronostiquent plusieurs analystes.

Certains évoquent même l’hypothèse d’une « amnistie » pour lui éviter toute poursuite judiciaire, selon Patrick Bond.

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