RDC : un millier d’ex-combattants du M23 s’échappent de leur camp en Ouganda
L’armée ougandaise a confirmé mardi la fuite d’un millier d’ex-combattants du Mouvement du 23-Mars (M23) qui se sont échappés de leur camp en Ouganda lors d’une opération de rapatriement vers la RDC.
Depuis quelques mois déjà, Kampala menaçait Kinshasa d’accorder l’asile politique aux ex-combattants du Mouvement du 23-Mars (M23) et à leurs chefs qui se sont réfugiés sur son sol après leur défaite militaire en novembre 2013 dans l’est de la RDC. Après des tractations de dernière minute entre les deux pays, une opération de rapatriement de ces anciens rebelles a été lancée, le 16 décembre, et devait s’achever à Noël. Mais elle s’est vite heurtée à l’opposition des éléments du M23.
"Un millier de rebelles du M23 se sont échappés" du camp de Bihanga, à quelque 300 km au sud-ouest de Kampala, "expliquant craindre pour leur sécurité s’ils étaient rapatriés en RDC", a déclaré le porte-parole de l’armée ougandaise, le lieutenant-colonel Paddy Ankunda, sur le compte Twitter de l’armée. "Le gouvernement recherche désormais les rebelles du M23 qui ont échappé au rapatriement", a-t-il ajouté.
Ugandan government now looking for M23 rebels who escaped from repartriation
— Paddy Ankunda (@defenceuganda) 16 Décembre 2014
Seuls 120 ex-rebelles sur quelque 1 300 réfugiés en Ouganda ont embarqué mardi dans un avion à l’aéroport international d’Entebbe, à une trentaine de km de la capitale ougandaise. L’avion a ensuite décollé à destination de la RDC voisine. Kinshasa espérait voir 560 ex-rebelles déjà amnistiés accepter de rentrer au pays. Mais "il y en a 120 [seulement] qui sont en route pour Kinshasa", a noté François Muamba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi (MNS), un organisme congolais chargé du dossier.
>> Lire aussi l’interview de François Muamba : "Pas d’amnistie ni d’intégration en bloc" dans l’armée pour les ex-M23
Rapatriement forcé ou volontaire ?
"Il s’agit d’un rapatriement volontaire, a-t-il précisé. Nous avons pris [avec les autorités ougandaises] une décision qui consiste à accélérer le rapatriement des ex-combattants" du M23, a-t-il expliqué, soulignant que "tout doit être achevé au 25 [décembre]. Même son de cloche du côté de l’armée ougandaise. Son porte-parole, le lieutenant-colonel Paddy Ankunda a également souligné qu’"aucun membre du M23 n’avait été forcé à être rapatrié vers la RDC".
Mais depuis Kampala où il vit, le président du M23, Bertrand Bisimwa, a dénoncé au contraire une tentative de "rapatriement forcé". "Ce matin [16 décembre] vers 4 heures des camions [de l’armée ougandaise] sont arrivés pour embarquer de force" les ex-combattants, a-t-il dénoncé. "Ils ont refusé d’embarquer dans les camions, (…) des coups de feu sont partis" du côté de l’armée ougandaise, a ajouté Bertrand Bisimwa.
Un responsable militaire ougandais a confirmé, sous le couvert de l’anonymat, que l’opération de rapatriement avait rencontré "une résistance" et que plusieurs ex-combattants du M23 avaient été blessés par balle.
Human Rights Watch appelle désormais la CPI à à se pencher sur les récents massacres commis à Beni.
Bertrand Bisimwa parle d’une "violation des règles du droit international et des déclarations signées le 12 décembre 2013 à Nairobi" entre gouvernement de RDC et M23, qui avait mis fin au conflit. Le document signé à Nairobi prévoyait selon lui que la question du rapatriement des anciens rebelles réfugiés hors de RDC soit discutée entre l’ex-rébellion et les autorités de Kinshasa, "ce qui n’a jamais été fait".
Des ex-M23 se rallient aux ADF ?
À en croire le porte-parole de l’armée ougandaise, des ex-combattants réfractaires "semblent s’être rendus au camp de réfugiés de Rwamwanja où ils veulent être pris en charge par l’ONU". Mais le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) à Kampala a déjà indiqué que les anciens rebelles du M23 n’avaient pas de statut de réfugiés et ne pourraient être accueillis à Rwamwanja.
De l’autre côté de la frontière, dans la province congolaise voisine du Nord-Kivu, la société civile locale affirme que des ex-combattants du M23 tentent de s’infiltrer dans le territoire de Beni pour se rallier aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), soupçonnés d’être les responsables d’une série de massacres perpétrés dans la région depuis début octobre.
Pour sa part, Human Rights Watch appelle désormais la Cour pénale international (CPI) à à se pencher sur les récents massacres commis à Beni. "La procureure de la CPI devrait réunir des informations et examiner [ces crimes] en vue de déterminer si une enquête de la CPI […] est justifiée", écrit l’organisation américaine de droits de l’Homme dans un communiqué rendu publié le 16 décembre.
(Avec AFP)
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