Mali : IBK assume la libération de quatre jihadistes

Très critiqué dans son pays pour avoir ordonné la libération de quatre jihadistes afin d’obtenir celle de l’otage français Serge Lazarevic le 9 décembre, Ibrahim Boubacar Keïta s’est expliqué le 16 décembre à Dakar, à l’occasion de la cérémonie de clôture du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique.

IBK au palais de Koulouba, le 3 mai 2014. © Emmanuel Daou Bacary/JA

IBK au palais de Koulouba, le 3 mai 2014. © Emmanuel Daou Bacary/JA

Publié le 16 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Devant trois de ses pairs (le Sénégalais Macky Sall, le Tchadien Idriss Déby Itno et le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz) et les représentants des autres pays africains, le président malien a assumé sa décision.

"Je vais être très clair", a-t-il averti au milieu de son discours : s’il a fait élargir ces quatre jihadistes qui n’ont jamais été jugés, "ce n’est pas seulement" parce que la France a envoyé ses soldats au Mali en janvier 2013 pour stopper l’offensive des groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), c’est aussi parce "qu’on n’a pas le droit de garder en captivité, entre les mains d’un groupe terroriste", un innocent. Serge Lazarevic était détenu depuis trois ans par une katibat d’Aqmi. Il avait été enlevé dans la ville de Hombori, au nord du Mali.

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L’un des jihadistes libérés, Mohamed Aly Ag Wadoussène, celui-là même qui a enlevé les deux Français en 2011 (Serge Lazarevic et Philippe Verdon, assassiné, lui) et qui a tué un gardien de prison en juin dernier (le Malien Kola Sofara) au cours d’une tentative d’évasion, "ne pourra jamais être absous de ses crimes". "J’aurais préféré mille fois le garder en prison", a ajouté IBK, qui estime que "ce n’est pas un déni de justice" que de l’avoir libéré.

Quelques minutes plus tôt, IBK avait affirmé sur RFI que ces quatre hommes seraient traqués "où qu’ils se trouvent". "C’est un devoir", avait-il insisté.

La libération de ces quatre jihadistes, confirmée le 12 décembre par le ministre malien de la Justice, Mohamed Ali Bathily, a provoqué un tollé au Mali et au-delà sur le continent africain. Le frère d’une des victimes de Wadoussène, Sidi Sofara, s’en était indigné sur les ondes de RFI, et son appel de détresse a ému nombre d’Africains.

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Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, également présent à Dakar, s’est refusé à évoquer cet échange. Même hors micros, "on ne commente jamais ces sujets", indique un de ses collaborateurs.

Au cours de cette même cérémonie, le président mauritanien s’est démarqué de la position du Mali et de la France. "Tout paiement de rançon met en danger des dizaines de vies humaines et les États eux-mêmes. Nos partenaires occidentaux ne doivent pas être laxistes avec les terroristes."

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Rémi Carayol, envoyé spécial à Dakar

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