Tunisie – Affaire Lotfi Naguedh : démission collective de jeunes membres de Nidaa Tounes en signe de protestation

Les membres du comité élargi des jeunes de Nidaa Tounes à Sousse ont annoncé mardi leur démission collective du parti. Une décision qui intervient à la suite du non-lieu prononcé la veille en faveur des accusés dans l’affaire Lotfi Naguedh, ce responsable de la formation politique tué en 2012 à Tataouine.

Des partisans de Nidaa Tounes lors d’un meeting pour la campagne électorale de Béji Caïd Essebsi, le 15 novembre 2014 (image d’illustration). © Aimen Zine/AP/SIPA

Des partisans de Nidaa Tounes lors d’un meeting pour la campagne électorale de Béji Caïd Essebsi, le 15 novembre 2014 (image d’illustration). © Aimen Zine/AP/SIPA

Publié le 16 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Les 37 signataires de la démission collective, qui se sont réunis le 15 novembre, ont déclaré s’être rendu compte après la prononciation de la sentence que Nidaa Tounes n’a aucun pouvoir lui permettant de défendre ses partisans et préserver leur intégrité physique.

Déception et accusations

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Dans une déclaration à l’agence TAP, le coordinateur régional des jeunes du parti à Sousse, Mohamed Ali Slama, a assuré que le jugement rendu dans cette affaire a suscité la déception des membres envers leur parti, ses dirigeants et ses bases.

Les signataires ont ainsi présenté leurs excuses à la famille du défunt et au peuple tunisien, en pointant du doigt la responsabilité des « deux cheikhs » – le président de la République Béji Caïd Essebsi et le président du parti Ennahdha Rached Ghannouchi -, des dirigeants du mouvement Nidaa Tounes et de la Ligue dite de « protection de la révolution », un regroupement d’organisations accusé d’être derrière plusieurs actes de violences depuis la révolution de 2011 et qui a été dissous depuis. C’est cette Ligue qui avait organisé la manifestation contre le siège du syndicat que dirigeait Lotfi Naguedh.

Le combat continue

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Une vague d’indignation s’est propagée sur les réseaux sociaux après le verdict. Jugé « injuste » et « honteux », il a été contesté par la famille de Lotfi Naguedh, ses avocats, ainsi que plusieurs partis politiques et organisations de la société civile.

Dénonçant des pressions politiques qui ont causé, entre autres, les reports du procès et ce jugement, la femme du défunt a promit de poursuivre « le combat pour la vérité » auprès des juridictions tunisiennes, voire internationales si besoin. Intervenant mardi sur les ondes de la radio Jawhara Fm, elle a rappelé que la paix sociale ne doit pas éclipser l’application de la justice. Le Parquet de Sousse a fait appel de ces condamnations le 15 novembre.

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Moncef Marzouki, ex-président tunisien, s’est lui dit « heureux » du verdict, qu’il considère comme une « étape pour apaiser les tensions entre les Tunisiens et mettre fin à la violence politique. » Lui qui, à l’annonce de la mort de Lotfi Naguedh en 2012, avait pourtant dénoncé un « lynchage. » Et Béji Caïd Essebsi de crier à l’époque à l’ « assassinat politique. »

Lotfi Naguedh, coordinateur local de Nidaa Tounes, est mort en octobre 2012 à Tataouine, en marge d’affrontements entre ses partisans et des militants proches de la coalition menée par les islamistes d’Ennahdha, alors au pouvoir. Selon le parti, Lotfi Naguedh a été passé à tabac lors d’une attaque des manifestants de la Ligue de protection de la révolution (LPR). Le ministère de l’Intérieur avait confirmé les violences mais assuré que la victime avait été terrassée par « une crise cardiaque ».

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