Ghana : quand Nana Rawlings fait son Hillary Clinton
Une ancienne première dame élue à la présidence de son pays ? Ce n’est pas seulement une hypothèse infirmée par la récente élection américaine. C’est une possibilité de la prochaine présidentielle ghanéenne.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 16 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.
En se faisant terrasser, par surprise sondagière, au récent scrutin présidentiel américain, Hillary Clinton a raté un double exploit : celui d’être la première femme présidente des États-Unis d’Amérique et celui de passer indirectement du statut de conjointe du locataire du bureau ovale à celui de locataire elle-même. La seconde performance eut été moins anecdotique qu’il y paraît, si l’on considère la réputation de « pot de fleurs » infligée à celles qui accompagnent généralement les chefs d’État sur les plus négligeables des clichés officiels ; réputation de « pot de fleurs » que pourrait entretenir la « belle plante » qu’épousa Donald Trump en troisième noce. De Danielle Mitterrand à Michelle Obama, les « first ladies » sont pourtant dotées d’une jugeote bien souvent équivalente (voire plus) à celle de leur mari…
Sur ce terrain comme sur d’autres, le Sud taxé de machisme dame le pion aux puissantes nations occidentales. En 2007, c’est Cristina Fernandez de Kirchner qui succéda à son époux Nestor à la présidence de la nation argentine. L’Afrique pourrait ne pas être en reste. Si les États-Unis considèrent toujours comme un exploit inédit de confier les clefs du pouvoir suprême à la gent féminine, le continent l’a fait depuis quelques années, du Liberia (Ellen Johnson Sirleaf) au Malawi (Joyce Banda) en passant par la République centrafricaine (Catherine Samba-Panza)… Et voilà qu’une ancienne première dame entend briguer la magistrature suprême d’une nation africaine.
Influentes premières dames
En fin de semaine dernière, la commission électorale du Ghana déclarait recevable le dossier de candidature de Nana Konadu Agyeman au scrutin présidentiel du 7 décembre prochain. Comme son nom ne l’indique pas, la prétendante au fauteuil présidentiel est l’épouse de l’ancien président Jerry Rawlings, considéré comme le père de la démocratie ghanénne.
Même avec des statuts informels dans le protocole des États africains, les premières dames jouissent d’une notoriété certaine, voire d’une certaine influence (quand elles ne sont pas douze à se partager le chef de l’État, comme les compagnes de Mswati III du Swaziland). Qui n’a jamais entendu parler de l’ambitieuse Dominique Ouattara, de la « shoppeuse » Constance Obiang N’Guema, de la mondaine Antoinette Sassou Nguesso ou de la scintillante Chantal Biya ?
Laquelle de ces first ladies osera-t-elle se rêver présidente à son tour ? Si le cours de l’histoire ne l’avait pas conduite au cachot, l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire aurait été légitime, Simone Gbagbo ayant fait ses preuves politiques avant l’accession au pouvoir de son mari. En liberté demeure une autre first lady qui, elle, occupe le poste de responsable de la Ligue des femmes du parti de son époux. Mais Grace Mugabe l’affirmait encore, il y a un an : elle ne veut pas succéder à son nonagénaire de mari…
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