Tchad : après le report d’une motion de censure, la police réprime une manifestation de l’opposition

L’opposition a déposé en octobre une motion de censure contre l’actuel gouvernement, critiqué entre autres pour sa gestion de la manne pétrolière. Celle-ci devait être soumise au suffrage des députés ce jeudi, mais le vote a été repoussé. Une manifestation organisée pour protester contre ce report a été dispersée par la police.

Le président tchadien Idriss Deby Itno au palais présidentiel de N’Djamena le 20 avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Le président tchadien Idriss Deby Itno au palais présidentiel de N’Djamena le 20 avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Publié le 17 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

À l’origine de la motion de censure déposée par le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), plusieurs motifs : l’incapacité estimée du gouvernement à gérer la baisse des cours du pétrole, matière première qui représente deux tiers du PIB du pays, mais aussi l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le système scolaire tchadien, ou encore les interventions extérieures de l’armée.

Elle n’a finalement pas été examinée par les députés comme cela était prévu ce jeudi 17 novembre. À l’Assemblée, 110 députés étaient absents, sur les 184 sièges existants, a expliqué le leader de l’opposition Saleh Kebzabo. Selon le règlement intérieur, une autre séance doit être programmée dans les 72 heures.

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Une réunion doit avoir lieu dans l’après-midi, ce jeudi, pour fixer le nouvel ordre du jour de l’Assemblée.

Ce n’est pas la première difficulté que rencontrent les partisans de l’opposition pour soumettre cette motion de censure au vote. Lundi 14 novembre déjà, ils l’avaient transmise au président de l’Assemblée, qui devait par la suite la transmettre au gouvernement, mais il avait refusé de s’exécuter. Il avait fallu recourir au Conseil Constitutionnel pour le contraindre à s’y soumettre.

Meeting interdit

De son côté, le gouvernement a annoncé 16 mesures d’économie en septembre. « Des voix se lèvent contre ces mesures d’austérité au sein même de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale », rapportait en octobre un média tchadien en ligne, TchadConvergence.

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Dans ce contexte tendu, le Fonac a également organisé un rassemblement populaire à N’Djamena ce jeudi après-midi à partir de 15 heures. Une réunion interdite par le ministre de la Sécurité publique, mais que l’opposition compte malgré tout tenir. Mais les autorités n’ont pas laissé les manifestants s’exprimer, puisque tous les accès au point de ralliement ont été bouclés, comme l’a précisé Saleh Kebzabo, replié au siège de son parti avec ses plus proches soutiens.

Les manifestants qui étaient parvenus à rejoindre le lieu de rendez-vous ont ensuite été dispersés à coup de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre, qui ont également interpellé une trentaine de personnes, dont Mahamat Bechir Barh, le chef du RPR. « Nous sommes au siège de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Renouveau (UNDR) avec tous les membres du FONAC », a en outre déclaré Saleh Kebzabo, retranché avec ses proches, avant d’ajouter qu’il envisageait de saisir la Cour suprême contre l’interdiction de la manifestation. Seul problème, les magistrats sont actuellement en grève.

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L’opposition tchadienne n’a toujours pas digéré la réélection d’Idriss Déby Itno pour un cinquième mandat présidentiel. Elle parle même régulièrement de « hold-up électoral ».

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