Des juges sous haute tension
De confortables honoraires, une grande exposition médiatique, le tout dans un cadre juridique familier, hérité du temps des colonies… Quelles que soient la complexité des dossiers ou la réputation de leurs puissants clients, les plus grands ténors français se pressent sur le continent pour les défendre.
![Marc Trévidic, juge antiterroriste, est très médiatisé. © JACQUES DEMARTHON / AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2014/12/26/018122014154104000000trevidic.jpg)
Marc Trévidic, juge antiterroriste, est très médiatisé. © JACQUES DEMARTHON / AFP
"Le juge d’instruction est un emmerdeur ou il n’est pas." La phrase est de Marc Trévidic. Une vision sans équivoque du métier, que le brillant et médiatique juge antiterroriste parisien a notamment développée sur le continent. D’Alger à Kigali, l’avancée de ses dossiers africains est scrutée. Ils sont hautement sensibles. Dans son enquête sur l’assassinat des moines de Tibhirine, le magistrat fait face à un mur.
En octobre, il a tout de même pu se rendre en Algérie pour procéder à l’exhumation des têtes. Son instruction sur l’attentat de l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, est tout aussi délicate. Le président Paul Kagamé était alors chef des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), suspecté d’avoir tiré le missile sol-air. Marc Trévidic a également été saisi pour faire la lumière sur l’assassinat au Mali de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes de RFI, en 2013.
Plus discret mais tout aussi redouté, le juge Serge Tournaire, du pôle financier, est un personnage froid qui instruit des dossiers africains bouillants. À commencer par le présumé financement illicite de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi. Il a hérité de cette affaire trouble à son arrivée au pôle financier, en 2009.
Récemment médiatisée dans l’affaire Abdellatif Hammouchi ("la gifle de Neuilly"), le juge Sabine Khéris gère aussi le dossier du crash d’Air Algérie, en collaboration avec Raphaëlle Agénie-Fecamp, chargée également d’enquêter sur l’assassinat de la journaliste Camille Lepage, en mai, en Centrafrique. En Côte d’Ivoire, Sabine Khéris doit faire la lumière sur les bombardements du camp français de Bouaké en 2004 et instruit la plainte de Michel Gbagbo, fils de l’ancien chef d’État, pour "enlèvement, séquestration, traitements inhumains et dégradants", notamment contre le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Enfin, elle a en charge le dossier de l’avocate franco-camerounaise Lydienne Yen Eyoum, condamnée à vingt-cinq ans de prison pour détournement de fonds.
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