Afrique du Sud : l’embarrassante amitié du ministre de la Sécurité avec un braconnier chinois

Après la diffusion d’un documentaire d’Al Jazeera sur la braconnage, la police sud-africaine s’est mise à enquêter sur des liens suspects entre un Chinois qui reconnaît être impliqué dans des activités de braconnage et le ministre sud-africain de la Sécurité de l’Etat.

Deux rhinocéros dans le zoo de Saint-Louis, aux États-Unis. © AP/SIPA

Deux rhinocéros dans le zoo de Saint-Louis, aux États-Unis. © AP/SIPA

Publié le 17 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

En politique, il faut savoir bien s’entourer. Un principe de précaution de base lorsqu’on occupe un poste à responsabilité, que le ministre de la Sécurité de l’État sud-africain David Mahlobo semble avoir trop longtemps négligé.

En effet, le ministre de la Présidence Jeff Radebe a annoncé jeudi que les enquêteurs s’intéressaient de près au cas de ce membre du gouvernement actuel, déjà en proie à de nombreux scandales : « Le gouvernement sud-africain a pris note des accusations contre le ministre de la Sécurité de l’État David Mahlobo dans un documentaire d’Al Jazeera. Les services de la police sud-africaine enquêtent sur ces accusations. »

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Amitié sulfureuse entre un politique et un businessman braconnier

Comme l’a expliqué Jeff Radebe dans sa déclaration, David Mahlobo s’est retrouvé dans le collimateur de la justice depuis la diffusion d’un documentaire sur le braconnage sur la chaîne Al Jazeera. Au cours du reportage, le téléspectateur peut suivre les pérégrinations d’un certain Guang Jiang Guang, homme d’affaires chinois basé en Afrique du Sud. Un pays où il semble avoir fait son trou, puisque ce ressortissant chinois affirme, au cours d’un entretien en caméra cachée, être un ami du ministre David Mahlobo, photos à l’appui.

Jusqu’ici, rien de très répréhensible. Sauf que les journalistes d’Al Jazeera enquêtaient sur le braconnage en Afrique du Sud. Et s’intéressaient de près au businessman chinois car ce dernier reconnaît être un trafiquant de cornes de rhinocéros. L’Afrique du Sud, qui abrite 80% de la population mondiale de ces pachydermes, lutte depuis de nombreuses années contre les braconniers.

Autant dire que dans ce contexte, l’amitié entre un trafiquant et un ministre pose quelques questions, d’autant que le chasseur chinois assure dans le documentaire que David Mahlobo est un client régulier de son salon de massage, basé à Naspuit, dans le nord-est de l’Afrique du Sud, non loin du célèbre parc Kruger. L’homme d’État a balayé toutes ces accusations en début de semaine : s’il reconnaît avoir été client du salon de massage en question, il nie tout lien d’amitié avec Guang Jiang Guang.

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1 200 rhinocéros abattus en Afrique du Sud en 2015

Pour éclaircir cette affaire, les enquêteurs ont une cible principale : « C’est cette personne, Guang Jiang Guang, qui est à l’origine des accusations », a précisé Hangwani Mulaudzi, le porte-parole de l’unité spéciale de police chargée de l’enquête, pour qui « l’intégrité du pays » est en jeu.

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Dans le documentaire d’Al Jazeera, Guang Jiang Guang affirme par ailleurs qu’en décembre 2015, lors d’une visite officielle en Afrique du Sud, la délégation du président chinois Xi Jinping lui a commandé plusieurs objets en ivoire et en cornes de rhinocéros.

Faite de kératine comme les ongles humains, la corne est particulièrement prisée en Chine ou au Vietnam où la médecine traditionnelle lui prête des vertus thérapeutiques non prouvées. Sur le marché noir, un kilo de corne peut valoir jusqu’à 60 000 dollars.

Ce trafic illégal a causé la mort de 1 342 rhinocéros l’an dernier en Afrique, dont près de 1 200 dans la seule Afrique du Sud. Cet appétit pour les cornes de rhinocéros est récent puisqu’en 2008, moins d’une centaine de ces mammifères avaient été tués à l’échelle planétaire.

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