Tunisie – Cinéma : la guerre de l’Étoile

Parmi les quinze longs-métrages en compétition au Festival international du film de Marrakech, plusieurs belles surprises. Comme « L’Orchestre des aveugles », de Mohamed Mouftakir.

Le jury, lors de la cérémonie d’ouverture, à Marrakech, le 5 décembre. © Youssef Boudlal/reuters

Le jury, lors de la cérémonie d’ouverture, à Marrakech, le 5 décembre. © Youssef Boudlal/reuters

Renaud de Rochebrune

Publié le 15 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

L’orchestre traditionnel de Houcine joue régulièrement lors des mariages et autres cérémonies. Parfois l’ensemble se transforme, bien entendu en trichant, en "orchestre des aveugles" quand il s’agit de se produire lors de fêtes réservées aux femmes. Nous sommes dans les premières années du règne de Hassan II, que Houcine vénère littéralement, refusant de voir la dérive autoritaire du régime.

L’action de L’Orchestre des aveugles se passe en grande partie dans une maison de famille, petit théâtre de la vie quotidienne aux personnages hauts en couleur qui vivent au rythme de l’orchestre et de ses danseuses traditionnelles. Le tout sous le regard du petit Mimou, à l’aube de l’adolescence et des premiers émois amoureux.

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Ce film autobiographique est le deuxième long-métrage de Mohamed Mouftakir, après Pégase, qui remporta l’Étalon d’or au Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) en 2011. Avec cette oeuvre réjouissante, dans le style des grandes comédies italiennes des années 1960, le réalisateur marocain a fait honneur à son pays dans la sélection des quinze longs-métrages en compétition au Festival du film de Marrakech, qui s’est déroulé du 5 au 13 décembre.

Dans cette sélection pour l’Étoile d’or, le trophée du plus important festival de cinéma du continent, quelques films sortent du lot. Comme le remarquable Nabat, portrait d’une mère courage en temps de guerre, de l’Azéri Elchin Musaoglu, l’étonnant et minimaliste Labour of Love, de l’Indien Aditya Vikram Sengupta, qui confirme l’apparition d’un nouveau cinéma antibollywoodien, ou Red Rose, de l’Iranienne Sepideh Farsi, qui dépeint les violences survenues à Téhéran au lendemain d’une élection présidentielle contestée, à l’été 2009.

Restent quelques déceptions, et surtout celle qu’a suscitée le très attendu Éléphant bleu, un polar fantastique de l’Égyptien Marwan Hamed, porté aux nues en 2006 pour son adaptation au grand écran du roman L’Immeuble Yacoubian.

Une sélection à deux vitesses, donc, à l’image du grand écart qui caractérise aussi bien le cinéma marocain – comme on a pu le constater en regardant les films retenus dans la section "coup de coeur" – que le festival 2014 dans son ensemble. Mais face à des projections parfois décevantes, on retient surtout de belles initiatives, comme cette année un hommage au cinéma japonais, et la présence de stars de dimension mondiale, comme Adel Iman, Viggo Mortensen ou Isabelle Huppert.

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