Génocide rwandais : le Canada extrade un ex-officier de l’armée vers Kigali

Jean-Claude Seyoboka était officier de l’armée rwandaise jusqu’en mai 1994. Parti vivre au Canada, il vient d’être extradé vers Kigali, où le parquet l’accuse de « génocide, extermination et meurtres constitutifs de crimes contre l’humanité ».

Mémorial du Génocide à Kigali, au Rwanda, le 5 avril 2014 © Ben Curtis/AP/SIPA

Mémorial du Génocide à Kigali, au Rwanda, le 5 avril 2014 © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 18 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

21 ans plus tard, le voici de retour sur son sol natal. Jean-Claude Seyoboka avait quitté le Rwanda en mai 1994, au plus fort du génocide qui a marqué l’histoire du pays. Il était alors officier de l’armée, et avait déserté pour immigrer au Canada. C’est du moins la version qu’il tenait dans les colonnes du site internet de Radio Canada en août 2016, alors que la justice rwandaise venait de demander son extradition auprès d’Ottawa.

Trois mois plus tard, le gouvernement canadien s’est plié à la demande de Kigali, puisque Jean-Claude Seyoboka est arrivé dans la capitale rwandaise dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 novembre.

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Sur place, il devra répondre aux accusations du parquet, qui le soupçonne de « génocide, d’extermination et de meurtres constitutifs de crimes contre l’humanité ». Des faits qu’il nie en bloc, notamment sur la page Facebook créée par sa famille pour le soutenir.

Stratégie de défense

Jean-Claude Seyoboka, d’ascendance à la fois hutue et tutsie, avait obtenu le statut de réfugié à son arrivée au Canada. Ce n’est que dix ans plus tard, suite aux investigations du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), que ce statut lui a été retiré. En effet, Jean-Claude Seyoboka n’avait pas précisé aux services d’immigration qu’il avait fait partie de l’armée. Sans compter qu’un témoignage déposé devant les juges du TPIR l’accusait d’avoir pris part aux meurtres d’une femme et de ses deux enfants à un barrage routier.

Jean-Claude Seyoboka est par ailleurs soupçonné d’avoir participé à l’« extermination» de plus de 72 Tutsis réfugiés dans le bâtiment du Centre d’études des langues africaines de Kigali, et d’avoir pris part à des réunions à Nyarugenge, un district de la capitale, au cours desquelles des massacres auraient été planifiés.

Quelle garantie voulez-vous que le gouvernement rwandais donne sur mon cas?

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Depuis, Jean-Claude Seyoboka s’est efforcé de construire une ligne de défense, selon laquelle si le gouvernement canadien laissait la justice rwandaise le convoquer, il risquait la torture. « Le père de ma femme et mon père ont été assassinés. J’étais dans l’armée moi-même. Quelle garantie voulez-vous que le gouvernement rwandais donne sur mon cas ? »

Le précédent Léon Mugesera

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Les autorités canadiennes assurent avoir obtenu la garantie qu’il serait bien traité par les autorités rwandaises. Ces dernières avaient émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de Jean-Claude Seyoboka en 2016, après l’avoir condamné par contumace en 2007.

L’ancien sous-lieutenant est le second suspect de génocide extradé par le Canada, après le célèbre linguiste Léon Mugesera, ancien responsable du parti du président Habyarimana, en 2012. Il avait été condamné en avril 2016 à la prison à vie pour un discours prononcé en 1992 lors d’un rassemblement du parti présidentiel incitant, selon les juges, les Hutus à tuer les Tutsis.

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