En Ouganda, la crise des réfugiés sud-soudanais s’amplifie
L’afflux de réfugiés sud-soudanais dans les camps ougandais ne tarit pas, alimentant l’inquiétude des ONG et des institutions. Ces dernières ont cependant accueilli avec soulagement l’annonce, vendredi 11 novembre, d’une aide supplémentaire de 78 millions d’euros par le commissaire européen en charge de l’humanitaire, Christos Stylianides. Reportage.
Baluchons de fortune, matelas, bassines en plastique : ils ont pris tout ce qu’ils ont pu avant de partir. Dans le centre de transit de Kuluba, ils sont enregistrés et passent des contrôles sanitaires. Les enfants sont vaccinés. Depuis juillet dernier, près de 240 000 Sud-Soudanais ont traversé la frontière pour trouver refuge en Ouganda, selon le UNHCR.
La reprise des combats entre les troupes loyalistes et les rebelles fidèles à Riek Machar a en effet eu des conséquences désastreuses sur les populations : assassinats, enlèvements et recrutement d’enfants, expulsions, bombardements.
Dans le sud du pays, le conflit est très violent, et le flot de réfugiés est aujourd’hui intarissable. « La plupart sont des femmes, des enfants ou des vieillards, souligne Jaaklo Valli un responsable du Programme alimentaire mondial qui estime que la crise s’est accentuée ces dernières semaines. En moyenne, 2 500 réfugiés passaient la frontière chaque jour, mais depuis début novembre, ce nombre est passé à 3000. »
Mercredi 9 novembre, des tirs ont été échangés à quelques centaines de mètres de la frontière entre les deux parties, preuve que l’instabilité est toujours présente et proche du territoire ougandais.
L’accueil des réfugiés en Ouganda, un modèle du genre
Néanmoins, la politique d’accueil des réfugiés en Ouganda est reconnue par toutes les institutions internationales comme un modèle du genre. Chaque famille de réfugiés se voit donner une parcelle de terrain pour se loger et cultiver, et des documents d’identification qui lui permettent de circuler. Mais avec la crise sud-soudanaise, ce modèle est mis à mal, les terres n’étant pas extensibles. En réponse, un immense camp de réfugiés s’est établi au gré des arrivées. En moins de trois mois, c’est l’équivalent d’une ville de 210 000 habitants qui a été construite, à base de cabanes de bois et de toiles.
« L’approvisionnement en eau est le principal problème auquel nous devons faire face », explique Robert Baryamwesiga, le responsable en charge du camp. Devant l’afflux de ces dernières semaines, les autorités ont pour projet de pomper l’eau du Nil pour l’acheminer directement dans les différentes zones du camp.
Mélange des communautés
Il faut aussi fournir la nourriture, une question qui devient problématique. Le PAM manque de fonds et a déjà dû diviser par deux les rations des réfugiés installés depuis plus longtemps. Si de nouveaux dons substantiels ne sont pas apportés, l’ONG affirme qu’en décembre ils devront à nouveau réduire leur aide. La sécurité est également une préoccupation constante pour Robert Baryamwesiga : « D’une manière générale, nous préférons mixer les communautés, afin d’éviter que des tensions ne naissent. » Les risques existent cependant, notamment entre Dinkas (le groupe d’origine de Salvaa Kiir), et autres communautés.
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