Élections municipales au Mali : la campagne s’achève dans un climat morose

La campagne pour les élections municipales de dimanche au Mali s’achevait sans grand enthousiasme vendredi. Il faut dire que le climat politique est alourdi par les critiques de l’opposition, les appels au boycott de l’ex-rébellion du Nord et les menaces jihadistes.

Dépouillement du vote à Bamako lors de la présidentielle du dimanche 11 août 2013. © Thomas Martinez/AP/SIPA

Dépouillement du vote à Bamako lors de la présidentielle du dimanche 11 août 2013. © Thomas Martinez/AP/SIPA

Publié le 18 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Il aurait fallu plus que les quelques affiches électorales placardées dans les rues de Bamako et les rares meetings qui se sont tenus dans la capitale malienne pour donner de l’élan aux élections municipales qui se tiendront dimanche.

Alors que la campagne s’achève ce vendredi 18 novembre, l’enthousiasme civique autour de l’échéance semble très mesuré, voire faible. Pourtant, il s’agit du premier scrutin depuis l’élection du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2013, car ces municipales devaient à l’origine se tenir en 2014. Mais le contexte sécuritaire avait poussé les autorités à constamment repousser l’échéance.

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Difficile de s’enthousiasmer pour l’élection

Si l’ambiance n’est pas à l’effervescence à Bamako, elle est encore plus morne dans le reste du pays. Et plus particulièrement dans le Nord, où l’électorat semble aussi désabusé par la classe politique malienne que préoccupé par la menace jihadiste.

Officiellement, seules 15 des 703 communes du pays ne comportent pas de liste, dans les régions de Kidal et Tessalit, dans le nord-est du pays, a indiqué le directeur général de l’Administration territoriale, Allaye Tessougué.

Mais les exemples de problèmes électoraux fleurissent également dans le reste du pays, comme à Souleye, à 300 km au nord de Bamako, où les jihadistes ont interdit toute campagne. « Ils ont interdit l’affichage de portraits de candidats, avec menace d’exécution », a déclaré vendredi Djiguiba Keïta, du Parti pour la renaissance nationale (Parena, opposition), en campagne dans le centre du pays.

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L’accord de paix de 2015 et le statut des réfugiés posent question

Dans le Nord, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion), qui contrôle Kidal, a dénoncé l’organisation du scrutin avant l’installation des autorités intérimaires qui devront gérer les cinq régions septentrionales, en vertu de l’accord de paix signé en mai-juin 2015. « Cet entêtement du gouvernement », a déploré la CMA dans un communiqué, « est aussi une violation des droits civiques de dizaines de milliers de réfugiés et déplacés qui sont directement concernés ».

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Le chef de l’opposition Soumaïla Cissé, qui était favorable à un nouveau report, a exprimé lors d’une rencontre avec le Premier ministre Modibo Keïta « les graves inquiétudes des populations du nord et du centre du pays face à l’insécurité grandissante qui perturbe sérieusement le bon déroulement de la campagne », selon un communiqué de son parti.

Dans la région de Tombouctou, dans le nord-ouest du pays, où le scrutin doit se tenir dans toutes les communes, des assaillants non identifiés ont attaqué jeudi un véhicule transportant du matériel électoral, qu’ils ont détruit, a-t-on appris auprès d’habitants et d’une source de sécurité locale. Les auteurs de l’attaque, qui s’est produite à 25 km de Goundam, « ont brûlé le matériel électoral à bord mais ont libéré le véhicule et ses occupants. Manifestement, ils tiennent à saboter les élections », a affirmé un habitant.

Un autre habitant de la région a également exprimé son intention de s’abstenir en raison de l’insécurité. « Comment battre campagne pour recevoir une balle dans la tête? », a-t-il déclaré, concluant par une réflexion qui laisse peu d’espoir quant au taux de participation au scrutin dimanche prochain : « Je reste chez moi. Beaucoup de jeunes sont comme moi ».

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