Tunisie : huit déclarations qui ont marqué les premières auditions publiques de l’Instance vérité et dignité

Sept personnes ont pris la parole jeudi soir pour témoigner des exactions et violences perpétrées entre 1955 et 2013 en Tunisie. Une première session d’auditions forte en émotion.

Démarrage de la première session des audiences publiques de l’Instance vérité et dignité, le 17 novembre 2016. © Capture d’écran/Instance vérité et dignité/YouTube

Démarrage de la première session des audiences publiques de l’Instance vérité et dignité, le 17 novembre 2016. © Capture d’écran/Instance vérité et dignité/YouTube

Publié le 18 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

« Bouleversant », « puissant », « poignant »…  Au lendemain de ces premiers témoignages des victimes et de leurs proches qui ont duré près de quatre heures, les réactions fusent encore dans les foyers et sur les réseaux sociaux.

La séance a débuté avec les mères de martyrs de la révolution, décédés à Regueb, Kasserine et Tunis. Puis la femme de Kamel Matmati, disparu en 1991 et déclaré mort seulement en 2016. Sami Brahem et Gilbert Naccache ont enfin pris la parole pour raconter leur douloureuse histoire, en présence de plusieurs figures politiques et syndicales, comme le président du parti Ennahdha Rached Ghannouchi, le porte-parole du Front populaire Hamma Hammami, ou encore le secrétaire général de l’UGTT Houcine Abassi.

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L’absence du président de la République, du Chef du gouvernement et du président de l’Assemblée des représentants du peuple – pourtant invités par la présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD) – a fait quant à elle l’objet de nombreuses critiques. Retour sur les temps forts et les phrase à retenir de cette soirée.

  • Sihem Ben Sedrine, présidente de l’IVD :

Les victimes du despotisme ont droit à la justice (…) C’est le message que la Tunisie veut faire passer au reste du monde.

  • Les mères de martyrs de la révolution :

Je sais qu’aux yeux de Dieu, c’est un martyr. Pour moi, c’est un héros et je veux que cela soit écrit dans l’Histoire.

Qui vous a donné la démocratie? Mon fils est mort pour la Tunisie et pour le drapeau tunisien. Je veux que justice lui soit rendue.

  • Sami Brahem, ancien prisonnier politique, aujourd’hui chercheur au Centre des études et recherches économiques et sociales (CERES) :

À la sortie de prison, il y a encore la prison du harcèlement et de la surveillance.

Je suis prêt à pardonner aux tortionnaires, à condition qu’ils reconnaissent la vérité, qu’ils s’excusent et qu’ils expliquent les raisons de leurs actes.

En huit années d’emprisonnement, combien de livres et de journaux ai-je dû rater ? Combien d’ouvrages, d’écrits et de recherches ont été édités et publiés pendant mon incarcération ? Quel beau gâchis, quelle perte irrécupérable…

  • Gilbert Naccache, ancien prisonnier politique, écrivain tunisien:

Cette journée compense à elle seule beaucoup des frustrations de ces cinq dernières années.

J’espère que ceux qui sont encore vivants finiront par répondre de leurs actes devant la justice, au moins devant la justice transitionnelle, ce qui permet de penser qu’on ne les torturera pas…

La vérité, quoi qu’on fasse, est révolutionnaire.

Les auditions publiques se poursuivent le soir du 18 novembre, avec de nouveaux témoignages retransmis en direct. D’autres auditions publiques sont prévues, a priori les 17 décembre et 14 janvier, précise l’AFP, relayant les propos de Khaled Krichi, un responsable de l’IVD. Deux dates hautement symboliques qui marquent l’anniversaire de l’immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, qui avait déclenché la révolution fin 2010, puis le départ pour l’Arabie saoudite du président déchu Ben Ali début 2011.

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