Occident : la saison des mâles

Les machos peuvent dormir tranquilles, le patriarcat a de beaux jours devant lui.

Donald Trump, le président élu, le 9 novembre 2016. © Evan Vucci/AP/SIPA

Donald Trump, le président élu, le 9 novembre 2016. © Evan Vucci/AP/SIPA

Fawzia Zouria

Publié le 25 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Et pas seulement en terre d’islam. De ce côté-ci également, en Occident dit « civilisé », on a beau se vanter de considérer les filles comme des égales, on ne rate pourtant jamais la moindre occasion de les faire passer en second. À preuve : l’élection toute récente du roi des phallocrates, Donald Trump de son nom. On connaissait le goût des Américains pour les Schwarzenegger – élu en 2003 gouverneur de Californie – mais, cette fois, ils ne nous ont servi ni muscles ni neurones !

Remarquez, même lorsqu’il a la tête bien pleine, un mec peut se vider soudain de son intelligence face à une nana. Confer les propos des brillants étudiants en médecine de Rennes, en France. Le 5 octobre dernier, ils choisissaient pour l’une de leurs soirées ce thème : « Plombiers vs chaudières ». Suivait une profession de foi ainsi libellée : « Il est temps de montrer de quel bois on se chauffe, et en cela nous avons les meilleures chaudières. Mais qui dit chaudière dit entretien, ramonage et décapage de rouille. » La finesse à la française !

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En Pologne, il y a quelques semaines, le Parlement a été à deux doigts de voter une loi anti-IVG. Quand on sait qu’un pays comme la Tunisie a autorisé l’avortement il y a plus d’un demi-siècle et que même les barbus se retiennent d’imposer une fatwa interdisant le planning familial, on se dit que, sur ce registre au moins, les Arabes sont plus avancés que les Polonais.

C’est à se demander si les Occidentaux ne sont pas en train de se faire rattraper par les démons du sexisme

Les Italiens quant à eux ont fait fleurir en septembre dernier sur leurs murs cette campagne publicitaire nataliste qui vole très haut : « Dépêche-toi, la cigogne n’attend pas ! » ; « La beauté n’a pas d’âge, la fertilité, si ». Cela a déclenché l’ire des féministes, et la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, a dû présenter ses plates excuses.

Un mois auparavant, l’Unicef se fendait d’une réclame pour le lait maternel sentant le renfermé : « L’allaitement stimule la santé d’un enfant, son QI, ses performances scolaires et son revenu à l’âge adulte. » Une façon insidieuse de culpabiliser les mamans qui ne donnent pas le sein  elles sont responsables des misères de santé de leurs garnements. Et comme dirait cette internaute en colère : « Pourquoi ne pas ajouter : “L’allaitement fait aussi vos courses et lutte contre le réchauffement climatique” ! »

Il manquait le Vatican. Eh bien, le pape s’est emmêlé les pinceaux en voulant intervenir de Rome sur la byzantine « théorie du genre ». Personnellement, je ne suis pas adepte de ce concept, mais j’aurais demandé au grand mufti des catholiques – que je respecte par ailleurs – de ne pas avaler l’hostie sans en tester le goût, car la polémique qu’il a déclenchée n’a pas de quoi calmer les esprits, elle ne peut que raviver le vent de phallocratie qui souffle sous le ciel chrétien.

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En tout cas, c’est à se demander si les Occidentaux ne sont pas en train de se faire rattraper par les démons du sexisme et ne nourrissent pas le secret espoir de réduire leurs moitiés au rang d’objets. Si tel est le cas, eux qui se targuent d’être entrés dans l’Histoire pourraient très vite faire un grand pas vers la sortie.

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