Mauritanie : peines réduites en appel pour 13 militants anti-esclavagistes

Des peines réduites ont été prononcées vendredi au procès en appel de 13 militants anti-esclavagistes mauritaniens jugés pour participation à une manifestation violente contre l’évacuation forcée d’un bidonville. Trois seulement resteront en prison, a-t-on appris de source judiciaire.

Dans les rues de Nouakchott, en Mauritanie, en mai 2014 © Bruno Lévy pour J.A.

Dans les rues de Nouakchott, en Mauritanie, en mai 2014 © Bruno Lévy pour J.A.

Publié le 18 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

La Cour d’appel de Zouerate a acquitté trois des militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, ONG anti-esclavagiste), en a condamné sept autres à quatre mois de prison ferme, qu’ils ont déjà purgés, a-t-on précisé. Deux des trois restants ont écopé de trois ans ferme et le dernier de six mois, selon la même source. Des peines bien moins lourdes que celles requises initialement, peut-être adoucies grâce à la campagne de sensibilisation et la plainte déposée par l’ONG à Paris.

Joie du côté de la défense

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« La Cour a corrigé une erreur commise en première instance, en requalifiant les faits en délit, et non en un crime. Ceci est très positif », s’est félicité un des avocats de la défense, Bah Ould Mbareck.

« Cependant, nous continuons à penser que tous sont innocents », a-t-il souligné, précisant que la défense envisageait de se pourvoir en cassation, surtout s’agissant de personnes condamnées pour leur appartenance à une organisation non autorisée. Le sort des sept habitants du bidonville n’était pas connu dans l’immédiat.

Le parquet avait réclamé mercredi vingt ans de prison contre l’ensemble des prévenus, qui avaient été condamnés en première instance à Nouakchott à des peines de trois à 15 ans de prison. Le procureur a soutenu que tous avaient directement pris part aux événements, les accusant de rébellion contre la force publique et de vandalisme.

Il n’était pas possible dans l’immédiat de savoir si le parquet comptait exercer un pourvoi contre la décision d’appel. Lors des plaidoiries de la défense, les prévenus ont tous demandé leur acquittement et nié toute participation aux violences. Leurs avocats avaient de leur côté dénoncé des tortures et des dépositions devant la police extorquées sous la contrainte, selon Me Ould Mbareck.

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Accusations de tortures

« Je suis un planificateur du développement et non un planificateur de la destruction. Je ne détruis pas », s’est insurgé à la barre l’un des accusés, le vice-président de l’IRA, Balla Touré, insistant sur le caractère pacifique de son mouvement. En première instance, les prévenus avaient affirmé avoir subi des tortures en détention, ce que le parquet a démenti.

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Une plainte contre X a été déposée lundi au tribunal de grande instance de Paris pour tortures et traitements cruels par les avocats français de l’IRA. L’esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie, mais certaines pratiques d’asservissement perdurent, une situation dénoncée avec véhémence par l’IRA.

La situation a néanmoins évolué récemment, avec l’adoption en août 2015 d’une nouvelle loi faisant de l’esclavage un crime contre l’humanité, réprimé par des peines allant jusqu’à 20 ans de prison, contre cinq à dix ans auparavant.

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