Tunisie : un gendre de Ben Ali condamné par la justice suisse

Un des gendres du président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali a été condamné en Suisse à une amende avec sursis pour complicité de corruption active en Libye.

Des Tunisiens manifestent le 23 mars 2011 devant l’ambassade suisse à Tunis pour réclamer le retour en Tunisie des biens mal acquis du clan Ben Ali. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Des Tunisiens manifestent le 23 mars 2011 devant l’ambassade suisse à Tunis pour réclamer le retour en Tunisie des biens mal acquis du clan Ben Ali. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 21 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Condamné par le Ministère public de la Confédération (MPC), il écope d’une peine pécuniaire de 375 000 francs suisses avec sursis – soit 150 jours-amende à 2 500 francs, suspendus à une mise à l’épreuve de deux ans -, a appris le 20 novembre l’agence suisse ATS. Des fonds ont également été confisqués.

Si l’ordonnance pénale est anonymisée, les recherches du journal Zentralschweiz am Sonntag révèlent qu’il s’agit de Slim Chiboub, homme d’affaires et ancien président du club de football l’Espérance sportive de Tunis. Il aurait également lui-même confirmé lundi 21 novembre à une correspondante de la RTS faire l’objet de cette condamnation.

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Rôle d’intermédiaire 

L’homme visé par la justice suisse est donc reconnu coupable de complicité de corruption active d’agents publics étrangers. D’après l’ordonnance pénale, dont l’ATS détient une copie, il aurait agi en tant qu’intermédiaire dans une affaire de corruption en Libye impliquant le groupe d’ingénierie canadien SNC-Lavalin et un des fils de Mouammar Kadhafi. Une intervention pour laquelle il aurait été rémunéré.

Au-delà de la procédure nationale, une procédure d’entraide avec la Tunisie est également en cours, précise l’agence de presse, qui ajoute qu’une somme de 425 000 francs a été confisquée au profit de la Confédération. Le MPC est ainsi en contact avec ses homologues tunisiens.

Face à la justice transitionnelle

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En 2011, Slim Chiboub, 57 ans, avait aussi été visé par une autre enquête du Ministère public de la Confédération, concernant l’obtention de pots-de-vin versés par une filiale de la société Alstom. Il aurait en effet perçu 14 millions de dollars afin que la Société tunisienne d’électricité et du gaz ne relève pas les défaillances techniques ayant entaché les travaux de la troisième tranche de la centrale électrique de Radès. Il aurait également permis au groupe canadien SNC-Lavalin de remporter le contrat de construction d’une centrale thermoélectrique à Sousse contre la somme de 5,9 millions de dollars réglés à la société Brunet, qu’il détient.

Ses fonds sont bloqués par le gouvernement helvétique depuis début 2011, au même titre que les près de soixante millions de francs appartenant aux proches de Ben Ali.

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Impliqué dans « douze affaires », d’après ses propres termes, il est le seul membre de la famille de Ben Ali à avoir accepté de se soumettre au processus de justice transitionnelle en Tunisie, géré par l’Instance vérité et dignité. Rentré en 2014 au pays après un exil aux Émirats arabes unis, il a été incarcéré pour port d’armes sans autorisation jusqu’en janvier 2016 – avant d’obtenir un non-lieu – ainsi que pour deux affaires de trafic d’influence et de pots-de-vin reçus sous couvert de missions de consulting.

La loi sur la justice transitionnelle prévoit un abandon des poursuites contre les personnes incriminées à conditions qu’elles reconnaissent leurs crimes, qu’elles s’en excusent et qu’elles restituent les sommes indûment perçues dans les cas de corruption financière.

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