Rwanda : l’Église demande pardon au nom des chrétiens impliqués dans le génocide
L’Église catholique du Rwanda a une nouvelle fois demandé pardon « pour tous les chrétiens » impliqués dans le génocide de 1994, qui a fait environ 800 000 morts, a-t-on appris ce lundi auprès du président de la Commission épiscopale du pays.
Le pape François avait déclaré 2016 « année sainte de la miséricorde ». Une appellation que n’ont pas manqué de relever les membres de la Commission épiscopale du Rwanda, à commencer par son président, Philippe Rukamba.
Ce dernier a en effet formulé dimanche 20 novembre des excuses solennelles et officielles au nom de l’Église catholique rwandaise, pour l’implication de certains fidèles dans le génocide de 1994.
« Nous demandons pardon pour eux », a-t-il sobrement déclaré, en rappelant que l’Église catholique rwandaise avait déjà formulé de telles excuses en 2000.
Pardon demandé pour les chrétiens
Nuance d’importance d’un point de vue symbolique, l’évêque Rukamba a toutefois précisé qu’il s’agissait d’une demande de pardon pour des individus et non pour l’Église en tant qu’institution. « L’Église n’a pas participé au génocide », a-t-il affirmé. Il a formulé cette précision notamment après que la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo avait déclaré dimanche 20 novembre sur Twitter : « L’Église catholique du Rwanda s’excuse pour son rôle dans le génocide de 1994, 22 ans après! Mieux vaut tard que jamais! »
#Rwanda Catholic Church apologises for role in the 1994 genocide, 22 years later! I say: better late than never! https://t.co/65u2OLpVFI
— Louise Mushikiwabo (@LMushikiwabo) November 20, 2016
Depuis la fin du génocide, qui a fait 800 000 morts en 1994 selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsie, l’Église catholique a été à plusieurs reprises mise en cause pour sa proximité avec le régime hutu extrémiste de l’époque, et pour l’implication de prêtres et de religieux dans les massacres.
Des églises transformées en charniers
Entre avril et juillet 1994, de nombreuses églises furent par ailleurs le théâtre de tueries de masse, les miliciens hutus y trouvant leurs victimes rassemblées – parfois par des prêtres qui livraient ensuite leurs ouailles aux tueurs – et sans échappatoire.
Plusieurs prêtres, religieux et religieuses catholiques du Rwanda ont été jugés pour participation au génocide, principalement par les tribunaux rwandais, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ou la justice belge. Certains ont été condamnés, d’autres acquittés. Le plus haut responsable de l’Église catholique à avoir été jugé pour génocide, feu l’évêque Augustin Misago, avait été acquitté et libéré de prison en juin 2000.
Lors des commémorations du 20e anniversaire du génocide, en avril 2014, le président Paul Kagame avait en outre accusé l’Église catholique d’avoir « pleinement participé » à la mise en place de l’idéologie coloniale, créant un clivage entre hutus et tutsis et ayant in fine abouti au génocide selon lui.
Environ la moitié des Rwandais sont aujourd’hui catholiques, alors que beaucoup se sont tournés depuis la fin du génocide vers les églises pentecôtistes dites « de réveil ».
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