Climat : les négociateurs concluent à l’arraché un accord à Lima
Les pays engagés dans des négociations marathon à la conférence de l’ONU de Lima en vue de limiter le réchauffement climatique sont parvenus dimanche à dépasser un clivage Nord-Sud et à conclure in extremis à un accord.
L’Union européenne a salué l’accord estimant qu’il constituait "un pas en avant" vers un accord global lors du sommet prévu fin 2015 à Paris. L’UE a souligné dans un communiqué de la Commission européenne, que l’accord de Lima demandait à tous les pays d’identifier leurs engagements pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre "de manière claire, transparente et compréhensible".
Les 196 délégations participant à la COP20 (20e conférence des parties) ont adopté un texte fixant le format de leurs futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un projet de texte, qui servira courant 2015 de document de base aux négociations préalables au sommet de Paris dans un an, a également été adopté à l’issue de deux semaines de pourparlers intenses.
"Le fantôme de Copenhague s’éloigne et l’espoir d’un succès à Paris se rapproche", a déclaré Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères qui avait décidé de retarder son retour en France pour assister à la fin de la conférence qui a dû être prolongée de plus de 30 heures.
Surmontant un clivage persistant Nord-Sud, les délégations ont finalisé un texte acceptable par tous qui encadre la forme que pourront prendre les engagements que les pays prendront en 2015 sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre: périmètre, contenu, mode d’évaluation.
Les pays du Sud exigeaient que les "contributions nationales" comprennent aussi des actions d’adaptation au réchauffement et des soutiens financiers à leur égard, deux points mentionnés dans l’accord, sans pour autant faire l’objet d’obligations. Le groupe Afrique, les petits Etats insulaires, l’Arabie saoudite, les Philippines, le Brésil avaient fortement insisté pour que l’adaptation puisse faire partie des contributions. Le Sud réclamait aussi, sans succès, des précisions sur les canaux de financement qui doivent permettre d’arriver à 100 milliards de dollars d’aide en 2020 et qui restent flous.
Après tout un après-midi et une soirée consacrés à sonder les positions des uns et des autres en privé, Manuel Pulgar-Vidal, le ministre péruvien de l’Environnement qui présidait les débats, avait soumis un autre projet de texte aux parties, qui l’ont finalement adopté par consensus après seulement une heure de réflexion.
Trop peu d’ambition pour le Sud
Samedi matin, l’espoir d’arracher rapidement un compromis sur la base d’un nouveau texte rédigé dans la nuit de vendredi avait été douché par plusieurs interventions des pays en voie de développement en séance plénière. "Il sera difficile d’accepter des contributions sans mention des financements (dans les contributions des pays développés)", a déclaré le représentant du Soudan, au nom du groupe Afrique, avant de refuser de travailler sur le nouveau texte.
"Les lignes rouges ne sont malheureusement pas évoquées", a également lancé le représentant de la Malaisie au nom d’un large groupe de pays en développement. "Les contributions doivent tenir compte de l’adaptation" au changement climatique, a-t-il plaidé sur un ton très ferme.
Face à ce front du refus, qui déplorait le manque d’ambition du texte, le négociateur américain Todd Stern s’était dit favorable à "de nouvelles formulations" mais sans "longues négociations". "Le succès de la COP de Lima est en jeu", avait -il lancé. "Echouer à concrétiser une décision qui est à portée de main porterait un coup sérieux à l’espoir d’un accord à Paris" en 2015, avait-il averti.
En vue de l’accord de fin 2015, qui entrera en vigueur en 2020, les engagements des pays doivent être annoncés si possible d’ici le 31 mars ou bien avant la COP de Paris. Le secrétariat de la Convention de l’ONU sur le changement climatique réalisera pour le 1er novembre 2015 une synthèse agrégeant les différents engagements. Cela permettra de mesurer l’effort global par rapport à l’objectif de limiter la hausse du thermomètre de la planète à 2°C.
Les contributions nationales doivent permettre une baisse globale des émissions de 40 à 70% d’ici à 2050 : une nécessité absolue pour parvenir à ne pas dépasser le seuil de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.
(AFP)
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