Le pape François autorise tous les prêtres à absoudre l’avortement
Alors que se concluait lundi 21 novembre le « Jubilé de la miséricorde » organisé par François, le souverain pontife a donné à tous les prêtres le pouvoir d’absoudre quiconque aurait eu recours ou aidé à un avortement.
« Le Jubilé s’achève et la porte sainte se ferme. Mais la porte de la miséricorde de notre cœur demeure toujours grande ouverte ». Par ces mots, le pape François a conclu cette année 2015-2016, qui marque le cinquantenaire du concile Vatican II par un « Jubilé de la miséricorde ». Et par cette porte laissée entrouverte, l’ecclésiastique compte bien laisser entrer toutes les personnes ayant eu recours ou ayant contribué à un avortement.
Décision audacieuse sur l’avortement
Dans sa lettre, François a effectivement écrit ces quelques lignes, synonyme de grand changement au sein de l’Église : « Pour qu’aucun obstacle ne s’interpose entre la demande de réconciliation et le pardon de Dieu, je concède à tous les prêtres, à partir de maintenant, en vertu de leur ministère, la faculté d’absoudre le péché d’avortement. »
Et pour cause, jusqu’à présent, seuls les évêques et certains prêtres expressément mandatés avaient la possibilité d’absoudre une femme ayant avorté ou une personne l’y ayant aidé. En prenant cette décision, le pape François a tenu à préciser qu’il restait ferme sur sur la question de l’avortement, autorisé dans quatre pays seulement sur le continent africain (Tunisie, Mozambique, Afrique du Sud et Cap Vert) : « Je voudrais redire de toutes mes forces que l’avortement est un péché grave, parce qu’il met fin à une vie innocente. Cependant, je peux et je dois affirmer avec la même force qu’il n’existe aucun péché que ne puisse rejoindre et détruire la miséricorde de Dieu quand elle trouve un cœur contrit », a-t-il expliqué.
Compensation diplomatique auprès des Lefebvristes
François a tenu à ne pas se mettre à dos la mouvance intégriste en prenant une telle décision. C’est pourquoi il a également prolongé la validité des absolutions délivrées par les prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Cette communauté fondée par Mgr Marcel Lefebvre, qui a rompu avec Rome en 1988, avait salué comme un « geste paternel » cette disposition prise pour le jubilé, même si elle dénonce régulièrement une trop grande bienveillance de l’Église à l’égard du monde contemporain.
Enfin, le souverain pontife a eu un mot pour les plus pauvres des fidèles, placés au centre de son passage au Saint-Siège : « Le monde continue à produire de nouvelles formes de pauvreté spirituelle et matérielle qui attentent à la dignité des personnes. C’est pour cette raison que l’Église doit toujours être vigilante et prête à identifier de nouvelles œuvres de miséricorde et à les appliquer avec générosité et enthousiasme », insiste-t-il.
La pauvreté, préoccupation majeure de François
En signe de cette préoccupation, François instaure une « Journée mondiale des pauvres », qui aura lieu chaque année un dimanche de mi-novembre, dans la lignée du Jubilé des sans-abris qui a permis de faire venir plusieurs milliers d’exclus le 13 novembre au Vatican.
« Ce sera une journée qui aidera les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Évangile et sur le fait que, tant (qu’un pauvre) gît à la porte, il ne pourra y avoir de justice ni de paix sociale », explique-t-il.
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