Afrique du Nord : Égypte et Maroc chouchous des investisseurs étrangers

Anima investment network, un réseau regroupant des agences gouvernementales et des organismes privés de la zone euro-méditerranéenne, dresse le bilan de dix ans d’investissements étrangers dans la région.

Chantier de construction vers Alger, en mars 2014. © Alexandre Dupeyron pour Jeune Afrique

Chantier de construction vers Alger, en mars 2014. © Alexandre Dupeyron pour Jeune Afrique

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Publié le 23 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Et d’après son rapport, publié le 22 novembre, les pays de la région Méditerranée attirent annuellement environ 30 milliards d’euros d’investissements directs à l’étranger (IDE), soit 2 à 3% de l’investissement étranger dans le monde.

Une note globale plutôt positive, mais qu’il faut nuancer. Car la croissance des performances régionales escomptées n’est pas au rendez-vous, malgré les nombreuses réformes initiées dans les différents pays de la région pour améliorer l’environnement des affaires.

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« Pas assez d’investissement, pas assez de création de valeur et in fine pas assez de créations d’emplois », estiment les auteurs de ce panorama. Et pour cause : après avoir capté jusqu’à 4,5% des IDE mondiaux (plus de 60 milliards de dollars en 2006), seuls 2,4% de ces investissements ont atterri dans la zone en 2015 (moins de 20 milliards de dollars).

In fine, pas assez de créations d’emplois

Sans surprise, les secteurs de rente ont toujours la cote. Sur la zone, les hydrocarbures, la banque, l’immobilier, les télécoms et le ciment représentent à eux-seuls plus des deux tiers des montants annoncés au cours de la décennie 2006-2015.

La Tunisie en recul

Sur les 11 pays dont les performances en termes d’accueil d’IDE sont passées en revue, deux apparaissent clairement comme étant les destinations préférées des investisseurs en Afrique du Nord : l’Égypte avec 6,88 milliards de dollars en 2015, en reprise après la révolution de 2011, et le Maroc avec 3,2 milliards de dollars, en recul après quatre années de croissance.

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Ils devancent de beaucoup la Tunisie (1 milliard de dollars en 2015, en recul), la Libye (726 millions de dollars) et l’Algérie (-587 millions de flux d’IDE en raison du rachat par l’État algérien de l’opérateur télécoms Djezzy pour un montant de 2,643 milliards de dollars annoncé en avril 2014).

Cependant, Maroc et Tunisie arrivent encore loin derrière la Turquie (16,5 milliards de dollars) et Israël (11,5 milliards de dollars).

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Le Maroc, hormis un « trou d’air » noté dans ses IDE entre 2008 et 2010, se révèle être à la fois un grand récepteur et émetteur d’IDE sur le continent africain, rappelle le rapport. L’implantation de Boeing à Tanger en est une illustration récente.

L’Algérie, elle, « malgré son fort potentiel, attire peu d’IDE ». « La frilosité des investisseurs est imputable à un cadre de l’investissement peu attractif : le climat des affaires reste médiocre et l’obligation d’association avec un partenaire local (règle des 49/51%) complique la mise en œuvre des projets. Une réforme du cadre de l’investissement est programmée pour améliorer la situation. Une urgence, alors que le pays doit accélérer sa diversification économique pour préparer l’après-pétrole », détaille le rapport.

L’Europe plus gros investisseur

Les pays du Golfe, deuxièmes plus gros investisseurs régionaux, sont en perte de vitesse après les années record 2006 et 2007 pendant lesquelles de grosses opérations de privatisation (banque, télécoms) avaient dopé leurs flux vers les 11 pays examinés au total par l’Anima.

L’Europe reste finalement le leader en la matière, malgré un fort recul entre 2012 et 2014 (de 9,8 milliards à 5,7 milliards de dollars) compensé par le rebond de 2015 à 12,57 milliards de dollars. Il est aussi à noter que les investissements du vieux continent sont présentés comme ayant le plus d’impact.

Son ratio de création d’emplois par million d’euros investis, par exemple, est presque deux fois supérieur à la moyenne (10 emplois). Dans le détail pays par pays, la France se taille la part du lion, et de loin, au Maghreb, alors que les États-Unis restent les premiers investisseurs en Israël et en Turquie.

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