France : l’ex-ambassadeur Boris Boillon suspendu par le Quai d’Orsay
Ancien représentant de la France en Irak et en Tunisie, Boris Boillon a été cité devant le tribunal correctionnel de Paris par le parquet dans une affaire de blanchiment remontant à 2013. Il avait alors été interpellé gare du Nord à Paris alors qu’il transportait 350 000 euros et 40 000 dollars en liquide. Conséquence directe, le Quai d’Orsay a annoncé ce mardi vouloir suspendre le fonctionnaire.
Il venait tout juste de réintégrer le ministère qui avait fait de lui un des hérauts du sarkozysme. Boris Boillon, ancien ambassadeur de France dans des pays stratégiques comme l’Irak ou la Tunisie, mais également conseiller « Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient » de l’Élysée, avait retrouvé le Quai d’Orsay à l’été 2016.
Quelques mois et puis s’en va
Boris Boillon avait en effet été affecté à New York pour une « mission de renfort » d’une durée de quatre mois auprès de l’Assemblée Générale de l’ONU, précise un communiqué du Quai d’Orsay. Mais le jeune diplomate – il a 46 ans – n’ira pas au bout de sa mission, puisque dans ce même communiqué, le ministère des Affaires étrangères a annoncé mardi sa suspension : « Compte tenu des derniers développements de la procédure judiciaire, le ministère des Affaires étrangères et du Développement international a décidé d’interrompre immédiatement sa mission à New York et de procéder à son rappel en vue d’une mesure de suspension. »
Ces « derniers développements » auxquels fait allusion le Quai d’Orsay remontent au lundi 21 novembre. Ce jour-là, le parquet de Paris a décidé de faire citer Boris Boillon devant le tribunal correctionnel pour des chefs de « manquement aux obligations déclaratives de transferts de capitaux, faux et usage de faux, blanchiment de fraude fiscale et abus de bien sociaux ».
Trois ans d’enquête préliminaire autour d’une valise de billets
Depuis 2013, la justice s’intéresse de près à ce diplomate détonnant dans le décor policé des ambassades. Et pour cause, le parquet a ouvert une enquête préliminaire le 31 mars de cette année après que Boris Boillon a été interpellé gare du Nord alors qu’il rentrait à son domicile belge de Uccle, commune réputée pour accueillir nombre d’évadés fiscaux. En sa possession, sans qu’il n’ait rien déclaré, une mallette de billets contenant 350 000 euros et 40 000 dollars, alors que toute somme supérieure à 10 000 euros doit être déclarée aux douanes selon la loi française.
Face aux enquêteurs, Boris Boillon a tenté de justifier le montant de la somme qu’il transportait. Selon lui, cet argent aurait été gagné par Spartago, le cabinet de conseil en affaires qu’il avait monté en 2012, date à laquelle il s’était mis en disponibilité du Quai d’Orsay pour se lancer dans le privé. Un argumentaire visiblement insuffisant pour que la justice en reste là, puisqu’il a été cité à comparaître pour le 23 mars prochain. Il faut dire que le rôle central joué par Boris Boillon dans les relations de l’Élysée avec Mouammar Kadhafi au moment de la libération des infirmières bulgares en 2007 et les soupçons autour d’un financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy ont également attisé la curiosité des enquêteurs.
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