Malawi : les parents, la vierge et la “hyène” séropositive

La « purification sexuelle » des vierges malawites par des inconnus rémunérés a-t-elle encore de beaux jours devant elle ? Un procès vient de condamner un séropositif qui avait fait de cette pratique rituelle son fonds de commerce…

La hyène séropositive qui déflorait les adolescentes au Malawi. © Damien Glez

La hyène séropositive qui déflorait les adolescentes au Malawi. © Damien Glez

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Publié le 22 novembre 2016 Lecture : 1 minute.

Dans la quête optimale de félicité, certaines pratiques traditionnelles sont censées ouvrir les yeux. D’autres rendent manifestement aveugle. Sinon comment comprendre que des parents d’adolescentes confie leur progéniture à un homme chargé de les déflorer, dès l’apparition des premières menstrues ?

La coutume apparaît dans le sud du Malawi. L’amant rémunéré 4 à 7 dollars porte le surnom peu ragoûtant de «hyène». Il officie pendant trois jours, certifie la transmission aux jeunes filles du savoir-faire nécessaire à la réputation de bonnes épouses, et promet même la protection contre les maladies ou d’autres malheurs risquant de nuire à leur famille ou à leur village.

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Comme si le sordide de la pratique ne suffisait pas à susciter un sursaut paternel ou maternel, la hyène humaine ne transmet pas toujours que les bonnes manières. Elle contamine les maladies qu’elle était censée tenir à distance…

C’est ainsi que le dénommé Eric Aniva, 45 ans, exposait à sa séropositivité nombre de ses « patientes » adolescentes. Alors que ce pays d’Afrique australe est déjà ravagé par le sida -environ 10% des 17 millions d’habitants du Malawi seraient infectés par le virus -, il aurait eu des rapports sexuels non protégés avec 104 jeunes filles, certaines à peine âgées de 12 ans. Ce mardi, le juge Innocent Nebi du tribunal de Nsanje le condamnait à deux ans de prison pour « pratiques nuisibles ».

Si coutume traditionnelle rime normalement avec positivité, elle rime aussi, en principe, avec discrétion. C’était sans compter avec le tempérament de “faroteur” d’Eric Aniva. Celui-ci n’avait pas pu s’empêcher de confesser ses “exploits” à la BBC, entretien qui, en arrivant à la connaissance du chef de l’État malawite, Peter Mutharika, n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Mais même arrêtée sur demande présidentielle, la “hyène”, cigarette à la commissure des lèvres, s’était amusée à prédire, devant un journaliste de l’AFP, et avant le verdict, une peine des plus légères…

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