Tchad : l’appel à la journée « ville morte » partiellement suivi
L’opposition avait à nouveau lancé un appel à la « ville morte » mardi 22 novembre, pour protester contre les mesures d’austérité prises par le gouvernement tchadien, mais aussi contre la « mauvaise gestion » dénoncée par les opposants à Idriss Déby Itno.
Selon plusieurs témoignages, l’appel a été diversement suivi dans la capitale N’Djamena. « Certains établissements étaient ouverts, mais d’autres ont suivi l’appel et sont restés fermés », a indiqué Barka Le Roi, président de l’Union nationale des étudiants du Tchad (Unet).
« Nous sommes satisfaits »
Même constat pour le leader de l’opposition, Saleh Kebzabo, à l’origine de l’appel à la ville morte lancé par le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), coalition de partis de l’opposition.
« L’appel n’a pas été entièrement suivi, c’est vrai, mais nous avons été entendus : l’activité a été ralentie à l’intérieur du pays, et à N’Djamena le trafic était faible, beaucoup de marchands avaient cessé leurs activités », explique à Jeune Afrique le deuxième homme de la présidentielle contestée d’avril 2015.
Il accuse par ailleurs les autorités d’avoir exercé des pressions sur certains commerçants pour qu’ils ouvrent leurs commerces.
Si les banques étaient par exemple ouvertes mardi, les établissements scolaires publics sont, comme depuis le début de l’année, restés fermés, étudiants et parents d’élève redoutant désormais une année blanche.
Climat social explosif
L’appel à la « ville morte » survient dans un contexte social explosif, après les mesures d’austérité décidées fin août par le gouvernement, quelques semaines après l’investiture d’Idriss Déby Itno à un cinquième mandat. Parmi ces décisions gouvernementales contestées, la suspension des bourses d’études ayant embrasé les universités, mais aussi les coupes drastiques dans les indemnités allouées aux agents de l’État.
Le Fonac, qui entendait protester mardi contre la « mauvaise gestion » du pays ainsi que ses cures d’austérité en a également profité pour dénoncer l’arrestation de onze militants, qui serait survenue jeudi 17 novembre lors d’une marche non autorisée de la coalition. « Ils ont été inculpés mardi pour attroupement non-armé et ont été déferrés à la prison centrale de N’Djamena dans des conditions effroyables », affirme Saleh Kebzabo.
« Il ne s’agit pas d’une détention arbitraire, ces faits sont punis par le codé pénal », rétorque le parquet de N’Djamena, affirmant que leur procès devrait se tenir « dans les jours à venir ». Problème : les grèves des fonctionnaires pour réclamer le paiement de leurs salaires affectent toutes les administrations, y compris le système judiciaire. Le tribunal de la capitale n’y fait pas exception : aucune audience ne peut y avoir lieu tant que les greffiers, également mobilisés, poursuivent leur mouvement social.
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