Burkina : le gouvernement suspend le CDP, le parti de Blaise Compaoré

Le ministère de l’Administration territoriale a officiellement annoncé lundi la suspension du CDP, le parti de Blaise Compaoré. La Fedap-BC, une association de soutien à l’ancien président, et l’ADF-RDA, formation qui avait pris position en faveur du projet de modification consitutionnelle, sont aussi suspendues.

L’ancien chef de l’État burkinabè, Blaise Compaoré. © AFP

L’ancien chef de l’État burkinabè, Blaise Compaoré. © AFP

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Publié le 15 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour le 15/12/2014 à 15h33.

L’opération de nettoyage se poursuit au Burkina Faso. Après le limogeage de patrons de sociétés publiques, accusés d’être trop proches du clan Compaoré, et la nationalisation d’une entreprise immobilière appartenant à l’ancienne "belle-mère nationale", Alizéta Ouédraogo, les autorités de transition s’en sont pris au principal rouage politique de l’ancien président : le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

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Le ministère de l’Administration territoriale a annoncé, dans un communiqué offficiel diffusé lundi 15 décembre, la suspension du CDP ainsi que celles de la Fédération associative pour la paix avec Blaise Compaoré (Fedap-BC) et de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), troisième force politique du pays qui s’était rangée derrière le projet de modification constitutionnelle de l’ancien président du Faso.

"Chasse aux sorcières"

L’arrêté pris par le ministre Auguste Denise Barry, bras droit du Premier ministre Yacouba Isacc Zida, reproche au CDP des "activités incompatibles avec la loi portant charte des partis et formations politiques au Burkina Faso". Selon ce texte, "en cas de violation des lois et règlements de la république par un parti ou une formation politique et en cas d’urgence ou de trouble de l’ordre public", le Ministre chargé des libertés publiques "peut prendre un arrêté de suspension de toutes activités du parti concerné et ordonner la fermeture de son siège". Il en est de même pour la Fedap-BC, accusée d’avoir mené des "activités incompatibles avec la loi portant liberté d’association au Burkina Faso".

Dans les rangs du CDP, l’incompréhension dominait. "Jusque là, je me refusais à parler de ‘chasse aux sorcières’, témoigne un cadre de l’ancien parti présidentiel. Même dans un pays comme la Côte d’Ivoire, qui a connu une crise politique plus grave, les nouvelles autorités n’ont pas fait ça…" Même son de cloche du côté de l’ADF-RDA. "Je ne comprends pas le sens de cette décision, affirme un responsable du parti. En stigmatisant certaines personnes de la sorte, il sera difficile d’ensuite parler de réconciliation."

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Le leader du CDP, Assimi Kouanda, et celui de la Fedap-BC, Adama Zongo, sont internés depuis le 5 novembre au camp de gendarmerie Paspanga de Ouagadougou. Ils sont accusés d’avoir publiquement tenu des propos pouvant causer des troubles à l’ordre publique – Kouanda avait appelé ses troupes à se défendre en cas d’attaque -, et ont été interpellés et "placés en sécurité" par les militaires en charge de la transition. 

>> Voir aussi notre infographie Burkina Faso : que deviennent les barons du régime Compaoré ?

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Benjamin Roger

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