Côte d’Ivoire : un témoin affirme savoir où se trouve le corps de Guy-André Kieffer

L’enquête concernant la disparition de Guy-André Kieffer, en 2004, va-t-elle, enfin, connaître une avancée décisive ? Selon France Inter, la justice française a entendu un témoin français affirmant connaître l’endroit où le corps du journaliste franco-canadien est enterré.

Guy-André Kieffer, photographié à Abidjan, le 4 février 2004. © STR/AP/SIPA

Guy-André Kieffer, photographié à Abidjan, le 4 février 2004. © STR/AP/SIPA

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Publié le 24 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Ce témoignage, recueilli le 2 mai 2016 par le juge Cyril Paquaux, successeur de Patrick Ramaël, serait celui d’un Français installé en Côte d’Ivoire. Jugé crédible par les enquêteurs, il affirme avoir recueilli des confidences sur l’endroit où se trouverait le corps du journaliste Guy-André Kieffer. Disparu le 16 avril 2004, le Franco-canadien aurait été enterré dans le sous-sol d’une habitation du sud d’Abidjan.

La défense de la famille de Guy-André Kieffer attend désormais l’autorisation d’effectuer des fouilles sur les lieux. « On a fait une demande d’acte auprès de la justice française. Les juges français ont délivré une commission rogatoire internationale. Il appartient donc à la justice ivoirienne de l’exécuter », explique à France Inter l’avocat de la famille Kieffer, Me Alexis Gublin.

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Mais, « pour l’instant, manifestement la justice ivoirienne ne fait rien, alors que la France attend qu’elle participe à la manifestation de la vérité », ajoute-t-il. De plus, toujours selon France Inter, un immeuble doit être prochainement édifié à l’emplacement de la maison désigné, ce qui pourrait faire disparaître les traces et l’éventuel corps.

L’ombre de Simone Gbagbo

Toute information concernant Guy-André Kieffer est d’autant plus importante que cette affaire est liée au procès en cours de Simone Gbagbo. Le journaliste indépendant a en effet disparu le 16 avril 2004 sur un parking d’Abdijan alors qu’il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de l’ancienne première dame. Il enquêtait alors sur des malversations financières, notamment dans la filière cacao.

Le 21 juin 2016, lors de son procès aux Assises d’Abdijan pour crimes contre l’humanité, Simone Gbagbo a même demandé que progresse l’enquête sur la disparition. « On m’accuse, on me salit […] Que l’enquête concernant cette affaire aille à son terme ! », a-t-elle lancé. « Il faut qu’on sache qui était Kieffer, je suis intéressée de le savoir, je ne le connais pas et n’avais jamais entendu parler de lui », a-t-elle dit.

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Témoignages contradictoires

Un mois plus tard, le 20 juillet, un ancien chef de milice affirmait toutefois que le Franco-Canadien avait été exécuté sur ordre de l’ex-première dame, devant ces mêmes Assises d’Abidjan. « Kieffer a été exécuté par le commandant Anselme Séka Yapo, dit Séka Séka, sous les ordres de Simone Gbagbo, dont il était le chef de la sécurité rapprochée », a ainsi déclaré à la barre Moïse Metchro Harolde Metch, dit commandant Hôtel ou Colonel H.

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Pour l’ancien chef du Groupement des patriotes pour la paix (GPP), une des nombreuses milices qui sévissaient en Côte d’Ivoire sous l’ex-Président, Laurent Gbagbo, de 2000 à 2011, le corps du journaliste avait été « incinéré pour ne pas laisser de traces ». Ce que viendrait contredire la version du témoin entendu par la justice française le 2 mai dernier.

La défense de Simone Gbagbo a rejeté les accusations d’implication dans la mort de Guy-André Kieffer. De plus, l’enquête s’est encore complexifiée alors qu’un des principaux témoins et suspects, Michel Legré, beau-frère de l’ancienne première dame – avec qui le journaliste avait rendez-vous le jour de sa disparition – est décédé dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 septembre 2016.

Celui-ci, très proche de Laurent Gbagbo, dont il a été chargé de la sécurité à la fin des années 80, avait affirmé aux enquêteurs avoir servi d’appât sur ordre des plus hautes autorités de l’État, avant de revenir sur ses propos.

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