Nigeria : trois conseils au ministre du Pétrole
Cela semble contre-intuitif à un moment où le prix du pétrole est relativement faible, mais le Nigeria est potentiellement au bord d’un nouveau boom pétrolier. Outre une remontée des prix, il faut prendre en compte le contexte d’augmentation de la production et des exportations.
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Ejeviome Eloho Otobo
Diplomate nigérian, spécialiste des politiques économiques et de la consolidation de la paix au Global Governance Institute de Bruxelles
Publié le 6 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.
Nigeria : « Happy recession, Mr President ! »
Engagé dans la réforme du secteur pétrolier et dans la lutte contre la corruption, le chef de l’État nigérian doit aussi faire face à l’insécurité grandissante, entre Boko Haram et les attaques de pipelines par les militants du delta du Niger. Un combat sur plusieurs fronts auquel s’ajoutent les difficultés économiques que connaît le pays.
Ce nouveau boom nigérian est porté par des découvertes de pétrole dans le champ offshore Owowo-3, dans l’État de Lagos sur le champ Aje.
Le bassin du Tchad au Nigeria montre également beaucoup de potentiel, tout comme l’exploration des bassins sédimentaires frontaliers, dont ceux d’Anambra, Bida, Gongola-Yola, Sokoto et Basse Benue.
L’enthousiasme suscité par ces nouvelles découvertes doit cependant être tempéré au regard du prix du baril, qui, même s’il remonte légèrement, est peu susceptible d’atteindre à nouveau les 100 dollars qu’il affichait entre 2010 et l’été 2014. Car il existe de nombreux facteurs favorables à son déclin à long terme : l’accord de Paris sur le climat – qui met l’accent sur la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles –, la production de véhicules électriques et l’utilisation de l’éthanol dans le transport.
Sans oublier le recours croissant aux diverses sources d’énergie renouvelable dans la production d’électricité de nombreux pays industrialisés.
Les décideurs nigérians doivent tenir compte de ces tendances mondiales. Il est fortuit qu’une telle réflexion se produise pendant que le président Buhari est au pouvoir : aucun dirigeant nigérian n’a été plus étroitement associé au secteur pétrolier.
Il a servi comme ministre du Pétrole sous le régime militaire d’Obasanjo. Il fut aussi président du Petroleum Trust Fund sous le général Abacha. Et cumule aujourd’hui la fonction de ministre du Pétrole avec celle de chef d’État.
Cette tribune est une contribution à la réflexion nationale et un complément aux initiatives politiques telles que 7 Big Wins, lancé en octobre, qui vise à développer l’industrie du pétrole et du gaz au cours de la période 2015-2019. Les politiques publiques doivent avant tout profiter au peuple et à l’économie. En ce sens, elles doivent englober trois mesures politiques spécifiques.
Le Nigéria doit développer une politique énergétique crédible avec un cadre pertinent.
Premièrement, les ressources financières tirées des nouvelles découvertes devraient être divisées en trois parts égales pour remplir trois objectifs stratégiques : un tiers pour renforcer le budget national, un tiers à un Fonds d’innovation technologique afin de renforcer les capacités scientifiques et technologiques du pays et aider à diversifier l’économie, et un tiers au Fonds souverain pour les générations futures.
Deuxièmement, le pétrole a été jusqu’à présent la principale source de revenus et d’énergie du Nigeria. Son prix bas et les interrogations sur son avenir posent un défi économique existentiel au pays. La réponse stratégique doit être vigoureuse et double : elle doit développer une politique énergétique crédible avec un cadre pertinent.
Cela nécessite la consolidation des institutions opérationnelles et réglementaires existantes sous l’égide d’un seul ministère, de préférence celui du Pétrole – qui doit inclure la diversification économique afin de réduire la dépendance du pays à l’égard du pétrole.
Troisièmement, il est paradoxal que, malgré les énormes profits tirés du pétrole au fil des ans, la plupart des citoyens nigérians n’aient accès ni à l’eau courante ni aux infrastructures publiques de santé, et n’aient pas un approvisionnement régulier en électricité. La capacité du gouvernement à accroître l’accès des citoyens à ces services illustrera son engagement à favoriser une croissance inclusive.
Le pétrole a dominé la vie économique et politique nigériane de ces quarante dernières années. Les nouvelles découvertes offrent au gouvernement fédéral actuel l’opportunité d’assurer aux Nigérians un avenir meilleur.
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Engagé dans la réforme du secteur pétrolier et dans la lutte contre la corruption, le chef de l’État nigérian doit aussi faire face à l’insécurité grandissante, entre Boko Haram et les attaques de pipelines par les militants du delta du Niger. Un combat sur plusieurs fronts auquel s’ajoutent les difficultés économiques que connaît le pays.
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