Les enjeux du sommet de la Francophonie à Madagascar
Une trentaine de chefs d’État et de gouvernement sont attendus à Antananarivo pour le XVIe sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), samedi et dimanche. Jeune Afrique passe en revue les enjeux de cette réunion.
La Grande île sera-t-elle à la hauteur ?
Pour Madagascar, l’hôte du sommet, l’organisation de ce grand raout diplomatique est un défi logistique sans précédent. Fier de son statut d’organisateur (« Madagascar, centre du monde », proclame, par exemple, une affiche dans le centre-ville d’Antananarivo), le gouvernement malgache a beaucoup investi dans les infrastructures malgré ses maigres ressources.
Jusqu’à ces derniers mois, l’incertitude demeurait toutefois sur son état de préparation. La chaîne hôtelière Sheraton, qui devait exploiter le grand hôtel du Centre des conférences internationales (CCI) d’Ivato, s’est par exemple retirée du projet il y a quelques semaines. Ceci étant, la conférence ministérielle, prélude au sommet des chefs d’État, s’est déroulé sans couac majeur.
« Nous avons été très agréablement surpris par la qualité du CCI et de l’organisation », témoigne une source à l’OIF.
Combien de chefs d’État et de gouvernement présents ?
Le Sommet d’Antananarivo ne devrait pas être aussi fort en suspens que celui de Dakar, théâtre d’une campagne âpre pour la désignation au poste de Secrétaire général en 2014 – course finalement remportée par la Canadienne Michaëlle Jean. La grande île est, par ailleurs, plus difficile d’accès pour les pays du Nord et de l’Ouest. Dans ces conditions, combien de chefs d’État et de gouvernement feront le déplacement ?
Sur ce point aussi, l’OIF est plutôt optimiste. Les grandes têtes d’affiche doivent en effet, faire le déplacement : le président français François Hollande, le très médiatique Premier ministre canadien Justin Trudeau ou encore le roi du Maroc, Mohammed VI, déjà à Antananarivo depuis plusieurs jours.
Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Macky Sall (Sénégal), Ali Bongo (Gabon), Alpha Condé (Guinée), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique) ou encore Faure Gnassingbé (Togo) sont eux aussi annoncés.
L’éventuelle venue de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) sera également à observer de près : il avait quitté le sommet de Dakar prématurément, en 2014, fâché que son candidat, Henri Lopes, n’ait pas été désigné au poste de secrétaire général de l’OIF.
L’Arabie saoudite sera-t-elle admise ?
Cinq dossiers de candidatures à l’OIF ont été déposés avant ce sommet. La Nouvelle-Calédonie, collectivité d’outre-mer française, demande à devenir membre associé. L’Argentine, la Corée du Sud, la province canadienne de l’Ontario et l’Arabie saoudite demandent, pour leur part, le statut d’observateur.
C’est la candidature de ce dernier pays qui suscite le plus de débat : selon plusieurs membres, la monarchie saoudienne ne partage pas les valeurs francophones en matière de démocratie, de droits de l’Homme et d’égalité homme-femme. La Conférence ministérielle de la francophonie (CMF) a estimé que son dossier d’adhésion était incomplet. Mais sur ces questions, les chefs d’État restent décisionnaires.
De nouveaux discours choc à la tribune ?
Lors du sommet de Dakar, en 2014, quelques semaines après la chute de Blaise Compaoré, François Hollande avait mis en garde les chefs d’État tentés par la révision de leur Constitution pour rester au pouvoir.
Ce qui n’avait pas été du goût de tous – la délégation rwandaise avait notamment protesté contre les « leçons » – et avait eu un impact finalement limité sur les velléités des chefs d’État.
Avec les crises post-électorales au Gabon et au Burundi, ainsi que les lourdes incertitudes qui pèsent sur la fin de mandat de Joseph Kabila, en RD Congo, le président français a une nouvelle occasion de tenir un discours ferme sur la gouvernance en Afrique. Le discours du Premier ministre canadien Justin Trudeau, est également très attendu. Il est, entre autres, un fervent partisan des droits des minorités sexuelles, lesquelles sont réprimées par la plupart des États du continent.
Qui organisera le prochain sommet ?
La Tunisie et l’Arménie sont en lice pour organiser le XVIIe sommet de la Francophonie, en 2018. Le pays du Caucase fait campagne en ce sens depuis des mois, soulignant que tous les sommets depuis 2010 ont été organisés en Afrique.
Mais Tunis, qui a officiellement présenté sa candidature le mardi 22 novembre, croit fermement en ses chances. Le pays plaide notamment l’argument de la solidarité avec la seule démocratie issue de la vague des printemps arabes.
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