Mali : la mort d’Ahmed el-Tilemsi, un coup dur pour le Mujao et Belmokhtar

Ahmed el-Tilemsi, l’un des principaux chefs jihadistes de la bande sahélo-saharienne, a été tué dans un raid mené par les militaires français dans le nord du Mali. Pour Paris, il s’agit d’un « coup très dur » porté aux groupes terroristes de la région.

Des soldats français en patrouille le 30 octobre 2013 dans le nord du Mali. © AFP

Des soldats français en patrouille le 30 octobre 2013 dans le nord du Mali. © AFP

Publié le 12 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

L’opération a été menée par des forces françaises et maliennes dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 décembre dans la région de Gao (nord). Selon le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major des Armées à Paris, elle a permis la "neutralisation d’une dizaine de membres d’un groupe armé terroriste, dont Ahmed el-Tilemsi".

Ce jihadiste malien, dont le vrai nom est Abderrahmane Ould el-Amar, était le chef militaire du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et cofondonfateur, avec Mokhtar Belmokhtar, du mouvement al-Mourabitoune. Il a été tué et les autres hommes visés ont été mis "hors de combat", c’est-à-dire abattus ou fait prisonniers.

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Dans un communiqué à Bamako, le ministre malien de la Défense, Bah N’Daw, a précisé qu’outre El-Tilemsi, "six autres terroristes ont aussi été tués, et trois autres faits prisonniers". "Nous avons porté un coup très dur aux activités d’al-Mourabitoune et aux terroristes qui agissent dans la bande sahélo-saharienne", s’est félicité, à Paris, le colonel Jaron.

Cinq millions de dollars de récompense

"Ahmed el-Tilemsi était une cible de haute valeur. Nous le traquions depuis plusieurs jours", a ajouté une source gouvernementale française, assurant que le raid n’était pas lié à la libération de l’otage français Serge Lazarevic, intervenue mardi au Mali. Selon cette source, ce jihadiste était le commanditaire de l’enlèvement en novembre 2012 de Gilberto Rodrigues Leal, un autre otage français au Mali, dont la mort a été annoncée en avril mais dont le corps n’a jamais été retrouvé. Le Mujao avait alors revendiqué son rapt.

"D’après nos informations, Ahmed el-Tilemsi aurait aussi participé aux enlèvements des Français Antoine de Leocour et Vincent Delory le 7 janvier 2011 à Niamey" au Niger, a indiqué un responsable français sous couvert d’anonymat. Ces deux jeunes gens avaient été tués le lendemain en territoire malien lors d’une intervention militaire franco-nigérienne destinée à les secourir.

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Le groupe islamiste radical Mujao a fusionné en août 2013 avec le mouvement des "Signataires par le sang" de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, ex-chef d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et cerveau de la prise d’otages meurtrière sur le site gazier algérien d’In Amenas. Cette fusion a abouti à la création d’un nouveau groupe, baptisé al-Mourabitoune, qui a revendiqué un attentat suicide dans lequel un soldat français a été tué le 14 juillet, jour de la fête nationale française, dans la région de Gao.

Selon un journaliste qui l’avait rencontré en 2012 à Gao, el-Tilemsi était plutôt chétif, petit et réservé. Originaire de Tarkint (170 km au nord de Gao), il était âgé de 44 ans, marié et père de six enfants.

En juin, les États-Unis avaient offert jusqu’à cinq millions de dollars de récompense pour toute information qui conduirait à l’arrestation d’Ahmed el-Tilemsi et de Hamad al-Khairi, autre cofondateur du Mujao. Les deux hommes figurent sur la liste noire américaine des "terroristes internationaux".

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"Un gros poisson"

"La mort d’el-Tilemsi est un coup dur porté à Belmokhtar", ennemi numéro un pour les Français. "Parce qu’il était son bras droit. C’est, on peut dire, un gros poisson dont la mort peut avoir une portée fatale pour le ‘jihadisme local’ mené par le Mujao", a déclaré Isselmou Ould Salihi, expert mauritanien sur le jihadisme.

Selon un journaliste qui l’avait rencontré en 2012 à Gao, el-Tilemsi était plutôt chétif, petit et réservé. Originaire de Tarkint (170 km au nord de Gao), il était âgé de 44 ans, marié et père de six enfants. Illettré, il s’est radicalisé très jeune, prêchant dès l’âge de 20 ans de campement en campement pour y prôner l’application de la charia. "Ahmed Tilemsi est fondamentalement un extrémiste, un islamiste pur", relève une source sécuritaire malienne. "Il était également un trafiquant de drogue. Il a participé à la création du Mujao, en organisant l’enlèvement d’otages européens dans les camps de Tindouf en Algérie, avec des complicités internes", a ajouté une autre source sécuritaire malienne.

"Le groupe que nous avons frappé était connu pour disséminer des engins explosifs et ils préparaient des attaques suicide", a souligné à Paris le colonel Jaron. Depuis le lancement de l’opération française Barkhane le 1er août sur cinq pays du Sahel – Niger, Mali, Mauritanie, Tchad et Burkina Faso -, l’armée française a "neutralisé une cinquantaine de terroristes et plusieurs tonnes d’armement", a précisé le porte-parole.

(Avec AFP)

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