Maroc : en séjour privé à Madagascar, Mohammed VI sera bientôt au Nigeria puis en Zambie

Le périple royal en Afrique continue. Prochaines escales de Mohammed VI sur le continent : le Nigeria et la Zambie, où le roi du Maroc cherche à ancrer de nouvelles amitiés tout affaiblissant les soutiens historiques du Polisario.

Le roi Mohammed VI à Ouarzazate le 4 février 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Le roi Mohammed VI à Ouarzazate le 4 février 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 28 novembre 2016 Lecture : 4 minutes.

Selon nos sources, le roi du Maroc est attendu vendredi 2 décembre au Nigeria, puis en Zambie, dans le cadre de la deuxième étape d’une tournée est-africaine qui l’a déjà conduit en Éthiopie et à Madagascar où il est actuellement en séjour privé après une visite officielle entamée le 19 novembre, soit avant les travaux du XVIe sommet de la Francophonie qui s’est déroulé à Antananarivo les 26 et 27 novembre, mais auxquels le souverain chérifien n’a pas participé.

Mohammed VI avait annoncé son escale nigériane à la presse malgache, lui accordant un entretien, samedi 26 novembre. Il s’agissait de sa première intervention médiatique après onze ans de silence (sa dernière interview, qui date de 2005, avait été accordée au journal espagnol El Pais). Le roi s’est épanché sur le retour du royaume sur la scène panafricaine. « Le Maroc et l’Afrique ne font qu’un. Les séparer serait un déracinement, une erreur », a-t-il notamment déclaré.

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Assurant qu’il veillera à soutenir les projets de développement de Madagascar à la conférence de Paris – où les bailleurs de fonds de la Grande-Île se réuniront les 1er et 2 décembre-, Mohammed VI a assuré qu’au cours de ses visites en Afrique, il ne s’agissait nullement de donner des leçons. « Je propose plutôt que nous partagions nos expériences. Le Maroc a des projets en divers pays d’Afrique (…). Nous donnons et partageons, sans arrogance, ni sentiment de colonisation », a-t-il affirmé.

Le business au service de la diplomatie chérifienne

Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a ainsi eu un entretien en tête à tête avec le roi du Maroc, en marge du de la Cop 22, le 15 novembre à Marrakech, et du mini-sommet des chefs d’État africains organisé le lendemain. Le contenu de leurs échanges n’a pas été révélé, mais la rencontre prouve que les autorités de Rabat tentent de se rapprocher de celui qui avait reconnu le Polisario en 1984 lorsqu’il avait accédé au pouvoir au Nigeria pour la première fois, suite à un putsch.

En juillet, quelques jours avant l’annonce de son projet de réintégrer l’Union africaine (UA), Mohammed VI avait dépêché Nasser Bourita, son ministre délégué aux Affaires étrangères, et Yassine Mansouri, patron de la Direction générale des études et de la documentation (DJED), afin de renouer avec l’homme fort d’Abuja. Les deux émissaires royaux ont vendu à leur hôte la promesse d’un projet d’installation d’une usine de fertilisants de l’Office chérifien du phosphate (OCP).

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Une promesse corroborée par une déclaration du milliardaire nigérian, Aliko Dangote, à l’agence Reuters, en mars dernier, dans laquelle il avait annoncé être proche de la conclusion d’un accord avec le mastodonte marocain des phosphates en vue de la mise en place d’une usine de fabrication d’engrais au Nigeria. Cette alliance inédite devrait marquer le secteur agro-industriel en Afrique, après celle passée avec l’Éthiopie, où l’OCP vient d’annoncer la création « de son plus grand projet en dehors du Maroc » : une usine d’engrais dont l’installation coûtera, dans un premier temps, 2,4 milliards de dollars

Confrontée à la chute des cours de pétrole, le Nigeria, première économie d’Afrique, s’enfonce dans la récession, une situation qui oblige le gouvernement de Buhari à chercher des arbitrages difficiles afin que la crise pétrolière ne se transforme en crise sociale et surtout à trouver des débouchés pour son économie.

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Situation encore confuse avec la Zambie

Avec Lusaka, l’escale du roi du Maroc qui suivra celle au Nigeria, les Marocains avaient déjà réalisé une avancée diplomatique. Le 9 juillet dernier, au terme d’une visite officielle à Rabat, le ministre zambien des Affaires étrangères, Harry Kaaba, avait annoncé que son pays allait retirer sa reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et s’en remettre aux Nations unies. Mais à en croire le journal zambien Lusaka Times, les alliances de la Zambie sont loin d’être claires.

Selon un article daté du 25 novembre, les contradictions officielles sur le Sahara risqueraient même de créer « un embarras diplomatique » pour la Zambie qui a toujours soutenu la thèse indépendantiste. Le Polisario est reconnu par Lusaka depuis le premier président zambien, Dr Kenneth Kaunda, qui était le premier leader africain à visiter les camps des Sahraouis. En février 2016, l’actuel président, Edgar Lungu – il était aussi présent à la Cop 22 -, avait accepté les lettres d’accréditation du nouvel ambassadeur sahraoui, Brahim Salam El Ami, et l’a assuré du soutien de son pays quant à « l’indépendance du Sahara ». En octobre, il recevait avec les honneurs le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek.

Une chose est sûre : dans des pays qui ont des attaches historiques avec le Polisario, le forcing marocain ne devrait pas passer pas comme un lettre à la poste. Et Rabat devra faire preuve de beaucoup de pédagogie avant – et même après – le retour du Maroc au sein de l’UA. 

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