L’armée française aurait tué Mokhtar Belmokhtar lors d’un raid aérien en Libye
D’après le Wall Street Journal, citant des sources issues du renseignement américain, un avion français aurait frappé et « probablement tué » Mokhtar Belmokhtar, l’un des leaders du groupe terroriste Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).
L’information est à prendre avec des pincettes, tant l’homme a échappé à une mort maintes fois annoncée. Mais dimanche 27 novembre, le Wall Street Journal, quotidien économique américain de référence, a affirmé dans ses colonnes que l’armée française aurait « probablement tué » le jihadiste et émir d’Aqmi Mokhtar Belmokhtar au cours d’un raid aérien « dans le sud de la Libye ».
Une source sécuritaire libyenne explique ce lundi 28 novembre à Jeune Afrique qu’un raid aérien de forces étrangères a effectivement été mené, mais au sud de Tripoli et non au sud du pays comme l’indique le journal américain. Sans toutefois préciser s’il était mené par l’aviation française et s’il visait bien Mokhtar Belmokhtar. « Les frappes ont visé des voitures de groupes islamiques dans la région de Bani Walid », indique cette source. À noter tout de même que cette région, située dans le Nord du pays, est connue pour être le fief de Mokhtar Belmokhtar.
De son côté, le Wall Street Journal s’appuie sur des sources issues des services de renseignement américains. Si cette information était avérée, ces frappes aériennes françaises seraient les premières dirigées sur le sol libyen depuis 2011. On sait en revanche que les renseignements français sont actifs dans la région, leur présence avait été révélée après un accident d’hélicoptère et la mort de trois militaires.
Une mort déjà annoncée à plusieurs reprises
La présence de Mokhtar Belmokhtar dans la région n’a rien d’impossible, tant le chef d’Al-Morabitoune, longtemps concurrent d’Aqmi dans la région avant de lui prêter allégeance, a les coudées franches pour se déplacer dans cette zone. En revanche, Mister Marlboro – l’un de ses nombreux surnoms – semble avoir la peau dure, et ce n’est pas la première fois que les forces occidentales déployées dans la région croient l’avoir tué.
En 2013 déjà, l’armée tchadienne avait annoncé sa mort après la bataille du Tigharghâr, dans l’Adrar des Ifoghas au nord Mali. L’information était erronée. Même chose deux ans plus tard quand, à l’été 2015, le Pentagone avait à son tour annoncé la mort « probable » de cet Algérien de 44 ans suite à une série de bombardements près d’Ajdabiya, en Libye. Un an plus tard, Aqmi publiait des textes signés au nom de Mokhtar Belmokhtar.
Des attentats sanglants à son actif
Considéré comme l’une des principales menaces terroristes de la région, Mokhtar Belmokhtar est entre autres le commanditaire des attentats du Radisson Blu Hotel de Bamako, qui avait fait 22 morts en novembre 2015, de l’hôtel Byblos à Sévaré (13 morts le 7 août), mais aussi de la prise d’otage d’In Amenas en Algérie, début 2013, où 38 personnes avaient perdu la vie.
Outre ces attaques, il est également soupçonné d’être derrière la fusillade meurtrière survenue à Ouagadougou (30 morts) en janvier 2016.
Personnage mystérieux, Mokhtar Belmokhtar a fait carrière dans le terrorisme et la contrebande dès les années 90. Le natif de Ghardaïa, dans le centre algérien, a d’abord combattu dans les rangs du GIA (groupe islamique armé) après être passé par les camps d’entraînements jihadistes du Pakistan.
Longtemps leader d’Aqmi, poussé par les rivalités internes, il a pris son autonomie en 2012 avec les Signataires par le sang puis Al-Morabitoune. Avant de revenir au centre du jeu en 2015 et de se présenter à nouveau comme l’un des hommes forts d’Aqmi.
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