Au Liberia : colère après les centaines de licenciements du géant américain Firestone

La décision de Firestone de licencier plusieurs centaines de travailleurs au Liberia a suscité une immense colère dans le pays. Des dizaines de milliers de personnes dépendent directement de la compagnie américaine de pneumatiques, présente depuis 90 ans au Liberia.

Un salarié saigne l’un des arbres de la plantation Firestone à Harbel, au Liberia, le 17 octobre 2016. © Zoom DOSSO/AFP

Un salarié saigne l’un des arbres de la plantation Firestone à Harbel, au Liberia, le 17 octobre 2016. © Zoom DOSSO/AFP

Publié le 30 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Et pour cause : avec quelque 8 000 salariés, l’entreprise américaine est le premier employeur privé du pays. Mais en raison de « pertes considérables et insoutenables » dues à la baisse des cours du caoutchouc, le groupe a annoncé vouloir réduire de 7% sa main d’oeuvre, basée à Harbel, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, Monrovia.

« 500 salariés devaient être licenciés »

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Depuis le mois d’août, la société a ainsi effectué deux vagues de licenciements. « Le jour même où on nous a annoncé » ce plan, « 189 personnes avaient déjà été remerciées », a déclaré à l’AFP Harris Kerkula, président du Syndicat des travailleurs agricoles de Firestone au Liberia.

Après intervention du gouvernement, quelques dizaines d’emplois ont été sauvés. Mais les autorités ont demandé au syndicat d’accepter les départs en raison des difficultés de la compagnie, a précisé Harris Kerkula.

« Au total, 500 salariés devaient être licenciés, nous avons pu réduire cela à 428, c’est important », assure le ministre du Travail Neto Zarzar Lighe, se gardant bien de critiquer la compagnie, bénéficiaire depuis 1926 d’une concession de 99 ans au Liberia.

Omniprésence de Firestone 

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Au fil des décennies, les plantations de Firestone sont devenues une véritable communauté. Jusqu’à remplacer certaines fonctions normalement assurées par l’État : logement gratuit, santé, subventions pour les frais scolaires et les repas …

Autre exemple dans l’éducation : plus de 16 000 élèves sont inscrits dans 17 établissements financés par Firestone. Son centre médical, un hôpital de 300 lits, traite en moyenne quelque 5 700 patients par mois. Au-delà de la perte de salaire, se faire licencier signifie donc perdre tous ces avantages que l’État libérien, affaibli, ne peut garantir à sa population.

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« Incertitudes du climat des affaires »

Dans un courrier électronique à l’AFP, Firestone affirme avoir été contrainte à ces coupes sombres par la baisse des cours, des coûts élevés liés à l’accord de concession ainsi que des « incertitudes du climat des affaires » dans le pays.

Sans compter une diminution de la production de caoutchouc, qui est une conséquence directe des guerres civiles (1989-2003). Pendant cette période sanglante, les champs d’hévéa n’avaient pu être entretenus et trop peu de nouveaux arbres avaient été plantés, avance également l’entreprise.

L’image trouble de Firestone 

Ces licenciements ont en tout cas réveillé de vieilles critiques contre Firestone. La compagnie a une image trouble : dans le passé, elle avait été accusée d’avoir fait travailler des mineurs et d’avoir imposé à ses employés des conditions proches de l’esclavage.

En 2014, des médias américains l’ont mise en cause pour financement du régime sanglant de Charles Taylor dans les premières années de la guerre civile, afin de s’assurer la continuité de ses activités sur le territoire libérien. Des accusations niées par Firestone, qui assure avoir seulement payé des impôts, tout en démentant avoir permis le travail d’enfants.

Depuis 2004, indique-t-elle, elle a versé environ un milliard de dollars (près de 928 millions d’euros) de recettes fiscales au Liberia, pays où peu de multinationales sont présentes.

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