Présidentielle française : Fillon, Macron… le colonialisme dans le rétroviseur

Par un bout quelque peu désuet de la lorgnette, l’Afrique s’invite dans la campagne pour la présidentielle française. Angle d’attaque : qui dit quoi de la colonisation ?

L’œil de Glez. © Glez / JA

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Publié le 30 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Ça y est, plus d’un demi-siècle après les indépendances africaines, le tabou est de retour dans la politique française. À la faveur de la pré-pré-campagne présidentielle, le « gros » mot est inopinément prononcé dans les inévitables interviews fleuves : « colonisation ». Le 23 novembre dernier, l’inclassable Emmanuel Macron évoque, dans l’hebdomadaire Le Point, les « éléments de civilisation et […] de barbarie » inclus dans la colonisation. À l’heure de la quête du buzz et donc de l’extraction hâtive de phrases tronquées, l’évocation, par le candidat, de « la torture » en Algérie et la solidarité exprimée avec les tirailleurs sénégalais passent à la trappe des résumés médiatiques.

Reste alors le tollé sur les réseaux sociaux. Grinçant, un internaute s’étonne que l’ancien ministre de l’Économie sous-entende une « barbarie positive », tandis qu’un autre voit dans l’interview un « remake » du « sketch nauséabond des bienfaits de la colonisation », rappelant que 90% des enfants algériens n’étaient pas scolarisés en 62.

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Le « rôle positif » de la colonisation

Tout le monde reconnaît le sketch auquel fait référence ce tweet. Un projet de loi française du 23 février 2005 prônait, dans le deuxième alinéa de son article 4, l’évocation d’un « rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Les poils plus ou moins crépus se hérissèrent sur les avant-bras et une vive polémique imposa un rétropédalage au président Jacques Chirac.

La loi était portée par un gouvernement dont le numéro deux n’était autre que François Fillon, l’actuel frais émoulu candidat de la droite et d’un certain centre à la présidentielle de 2017. Cette récente nomination à la candidature justifie donc l’exhumation de propos eux-mêmes récents. Fin août, Fillon affirmait que la France n’était « pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord ». Une position partagée par celui dont il fut l’indéboulonnable Premier ministre : son adversaire des primaires Nicolas Sarkozy qui refusait que la France se repentît pour son passé colonial.

Marine Le Pen aussi…

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À la droite de la droite, sans surprise, la candidate Marine Le Pen évoque également, depuis 2013, « les aspects positifs » d’une colonisation dont elle regrette qu’elle soit exclusivement présentée comme « une succession de brutalités » et systématiquement « abordée dans un aspect résolument négatif ». En mars dernier, à l’occasion de la journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la Guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, le président étiqueté socialiste François Hollande estimait que « le système colonial niait l’aspiration des peuples à disposer d’eux-mêmes…

La France devrait-elle faire l’économie du procédé des phrases tronquées et de certains sujets potentiellement périmés ? Dans la gestion du pouvoir français, l’Afrique est essentiellement évoquée lors d’interventions militaires « gauloises » largement imprévues en campagne. Amplement absente des programmes électoraux, la zone francophone du continent ne peut que regarder la campagne présidentielle sous le prisme afro de la colonisation…

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