Migration clandestine : la Méditerranée, « route la plus mortelle du monde » en 2014
En 2014, 3 419 migrants en quête d’un avenir meilleur ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée, selon un rapport rendu public mercredi par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Depuis le début de l’année, plus de 207 000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée. En comparaison, le précédent record datant de 2011 était de 70 000 migrants. C’était en plein Printemps arable. Selon Adrian Edwards, porte-parole du HCR, "Ces chiffres constituent une nouvelle étape à laquelle nous assistons cette année : nous faisons face à un arc de conflits et l’Europe y a été directement confrontée". Près de 80% des départs s’effectuent depuis les côtes libyennes (en raison de la situation dans le pays) pour rejoindre l’Italie ou Malte.
60 051 syriens sont arrivés en Italie cette année, fuyant la guerre civile. Les Érythréens sont 34 561 à avoir traversé la Méditerranée pour franchir les frontières italiennes. Ces derniers voulant échapper, selon le HCR, à la répression brutale du pouvoir, au service militaire à vie, et au travail forcé, non rémunéré et à durée illimitée.
Mais la Méditerranée n’est pas la seule "route mortelle du monde". 540 personnes ont péri en essayant de traverser le golfe de Bengale en Asie du sud-est, la plupart en provenance du Bangladesh ou de Birmanie et à destination de la Thaïlande ou de la Malaisie. En Mer rouge et dans le golfe d’Aden, au moins 242 personnes ont perdu la vie, tandis que dans les Caraïbes le nombre de morts ou de disparitions signalées s’élevait à 71 début décembre.
>> Lire aussi: "Immigration : mort à crédit en Méditerranée"
Réponse inadaptée des États européens
Le HCR pointe la responsabilité des États dans l’explosion de ces statistiques. "Vous ne pouvez pas utiliser des moyens de dissuasion pour empêcher une personne de fuir pour sauver sa vie, sauf en augmentant les dangers", a affirmé M. António Guterres, Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés. L’organisation regrette que certains gouvernements se focalisent davantage sur le maintien des étrangers hors de leurs frontières que sur le respect de l’asile. Il faut "s’attaquer aux vraies causes profondes, c’est-à-dire examiner les raisons pour lesquelles les personnes fuient, ce qui les empêche de chercher asile par des moyens plus sûrs, et ce qui peut être fait pour sévir contre les réseaux criminels qui prospèrent dans ce contexte, tout en protégeant les victimes" a-t-il ajouté.
Ces dernières années, la question de l’accueil des migrants a été au centre de frictions entre l’Italie et certains pays européens. Les autorités italiennes avaient lancé "Mare Nostrum", une opération sans précédent pour sauver des dizaines de milliers de migrants en Méditerranée. Pour le seul mois de novembre, 8 000 migrants ont été secourus en mer Méditerranée. Des bateaux de sauvetage ont encore porté secours fin novembre à 320 migrants sur une embarcation de fortune, rapatriés au port d’Augusta (Sicile), et à un autre bateau avec à son bord 182 migrants, transportés jusqu’à Porto Empedocle en Sicile. Mais la fin "Mare Nostrum" a récemment été confirmé par l’Italie, faute de soutien de ses partenaires.
Une nouvelle opération baptisée "Triton" et gérée par Frontex, l’organisme européen chargé de la surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne est en cours de préparation. Mais elle sera limitée à la surveillance de la frontière extérieure de l’UE en Méditerranée.
(Avec AFP)
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