Cinéma : quand Abd Al Malik raconte Abd Al Malik
« Qu’Allah bénisse la France » est le premier film du chanteur Abd Al Malik. Une réussite.
![Qu’Allah bénisse la France sort en France le 10 décembre. © Ad Vitam](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2014/12/09/009122014170227000000JA2813p126.jpg)
Qu’Allah bénisse la France sort en France le 10 décembre. © Ad Vitam
"Quand on me demande combien de temps j’ai mis pour faire ce film, je réponds trente-huit ans." Façon de dire, pour Abd Al Malik, qu’il a eu le loisir de se débarrasser des mythologies banlieusardes. Et en particulier de celles sur la violence, peu envahissante dans son film. À la même question, il aurait pu répondre "dix ans", puisque c’est le temps qu’il lui a fallu pour porter à l’écran son récit autobiographique, paru en 2004.
Qu’Allah bénisse la France aurait pu s’intituler "Comment on devient Abd Al Malik", puisqu’il raconte les grandes étapes de son parcours. De l’enfance du petit Régis, né en France et qui la quitte dès ses 2 ans pour le Congo-Brazzaville, où son père est devenu conseiller du Premier ministre, jusqu’à son retour cinq ans plus tard au Neuhof, cité réputée "difficile" de Strasbourg, où sa "mère courage" l’élèvera seule.
De son adolescence où il est "bon élève le jour et délinquant la nuit" jusqu’à l’époque où le futur rappeur à succès va changer de nom pour devenir ce qu’il est encore, découvrant le bonheur de la lecture et de l’écriture, mais aussi l’apport de la religion – d’abord en version "dure" (le Tabligh) puis, à partir de 1999, en version plus "soft" (le soufisme). Jusqu’à aujourd’hui, enfin, où il s’est imposé, dans un style plus consensuel que rebelle, comme un artiste complet, auteur de quatre livres avant de se livrer à l’exercice du grand écran.
Une success-story dont l’auteur est le héros, un long-métrage qui est aussi un premier film : on pouvait craindre le pire. S’il ne déjoue pas la totalité des pièges du genre hagiographique, Qu’Allah bénisse la France, judicieusement réalisé en noir et blanc, est pourtant une réussite. Grâce à un rythme endiablé et à un humour bienvenu, grâce aussi à une bande-son remarquable et inattendue qui doit beaucoup à Laurent Garnier comme à Wallen, la compagne d’Abd Al Malik. À noter, l’interprétation remarquable de Marc Zinga, comédien belge originaire de la République démocratique du Congo, dans le rôle principal.
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