Zimbabwe : la police réprime une manifestation de l’opposition contre les billets d’obligation

La police a de nouveau violemment réprimé ce mercredi à Harare une manifestation contre la mise en circulation par le gouvernement d’une nouvelle monnaie.

Un manifestant face à la police le 26 août 2016 à Harare. © AP/SIPA

Un manifestant face à la police le 26 août 2016 à Harare. © AP/SIPA

Publié le 30 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Après des semaines de retard, la Banque centrale du Zimbabwe a mis lundi 28 novembre sur le marché l’équivalent de 12 millions de dollars sous forme de « billets d’obligation » de 2 dollars et de « pièces d’obligation » de 1 dollar.

Selon les autorités, cette nouvelle monnaie indexée sur le dollar américain doit pallier le manque criant de liquidités qui asphyxie l’économie du pays.

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L’opposition dans la rue

Mais tous ne sont pas du même avis. Mercredi 30 novembre, une centaine de partisans du principal parti d’opposition du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) et du groupe civil Tajamuka sont descendus dans les rues d’Harare pour dénoncer cette mesure.

« Billets d’obligation = papier toilette », « pas de billets d’obligation », le président Robert Mugabe, 92 ans, est un « âne boiteux », pouvait-on lire sur des affiches brandies par les manifestants. Le rassemblement a tourné court : la police est rapidement intervenue pour disperser les opposants avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau, tout en frappant des manifestants à coups de matraques en plastique, a constaté un journaliste de l’AFP.

Rejet des billets d’obligation

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Il en va rarement autrement au Zimbabwe, où la plupart des manifestations, qui se multiplient ces derniers mois, sont systématiquement réprimées.

« On ne va pas accepter les ‘billets d’obligation’ comme nous le demande le gouvernement », a prévenu Hardlife Mudzingwa, un porte-parole de Tajamuka, mouvement à la pointe de la contestation anti-Mugabe depuis des mois.

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Selon lui, cette nouvelle monnaie n’a qu’un seul objectif, non avoué : permettre à de hauts responsables gouvernementaux de garder précieusement leurs dollars américains pour « importer des biens à des fins personnelles ».

Le chômage à 90% 

Le Zimbabwe a abandonné en 2009 sa devise nationale, qui avait perdu toute sa valeur, en raison d’une inflation astronomique de 500 milliards pour cent. Depuis, les transactions se faisaient en dollars américains et en rands sud-africains.

L’utilisation de devises étrangères a permis de stabiliser l’économie du Zimbabwe, avant que le pays ne s’enfonce de nouveau dans la crise à la suite de plusieurs mesures controversées, dont l’obligation faite aux entreprises étrangères de céder la majorité de leurs parts à des investisseurs locaux.

La crise a encore empiré ces derniers mois. Le chômage atteint des sommets (90%) et l’État verse en retard les salaires des fonctionnaires, faute de liquidités.

Ruée dans les banques

Pour tenter de desserrer l’étau, Harare a introduit lundi des « billets d’obligation », qui ressemblent étrangement à feu le dollar zimbabwéen. Dans la plupart des distributeurs de monnaie, les clients obtiennent désormais la moitié de la somme demandée en billets verts et l’autre moitié en « billets d’obligation ».

Mais l’annonce de l’introduction de cette nouvelle monnaie a suscité un vent de panique dans la population, qui s’est ruée sur les banques pour tenter de retirer ses économies. Dans certains commerces, les vendeurs refusent les billets d’obligation, de crainte qu’ils ne se dévaluent rapidement. Dans les stations service, seuls les billets verts et les rands sud-africains sont acceptés.

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