Le Davos des femmes met le cap sur l’Afrique
Aude de Thuin est la fondatrice du Women’s Forum, 11e édition du Davos des femmes qui s’ouvrait en France, mercredi. Elle a annoncé l’ouverture du premier forum Women in Africa à Marrakech en mai 2017, et le lancement de deux fonds destinés à soutenir l’entrepreneuriat féminin en Afrique.
« D’ici 5 ans, les entreprises iront chercher les femmes africaines pour composer leur conseil d’administration », parie Aude de Thuin. « Pour cela, il faut que nous autres, les femmes, ayons de manière générale plus confiance en nous. »
C’est en partant de ce constat que la fondatrice du Women’s Forum, qui se tient chaque année à Deauville, a annoncé ce mercredi matin au siège parisien du cabinet de conseil Roland Berger la tenue les 17 et 19 mai prochains à Marrakech du premier forum Women in Africa. Aude de Thuin en est la présidente fondatrice.
Le forum réunira des dirigeantes en mesure de changer le monde
Le royaume a été en dernier lieu préféré à l’Éthiopie, actuellement en état d’urgence, pour être l’hôte de la rencontre. L’événement a été mis sur pied à la demande de la Sud-Africaine Wendy Luhabe, entrepreneuse à l’origine de Wiphold, un fonds de capital-risque pour les femmes. « Le forum de très haut niveau réunira des dirigeantes en mesure de changer le monde, de faire bouger les lignes », promet Aude de Thuin.
« On mesurera avant l’impact de chaque participant dans la société et leurs relations avec l’Afrique ». La Française, dont le nom est connu dans l’organisation de salons professionnels, se targue « d’avoir été à l’origine de changements importants de ressources humaines à la tête de quasiment toutes les entreprises du CAC 40 ».
Une « communauté mondiale de femmes »
D’ores et déjà, dit-elle, elle a soumis quelques axes qui irrigueront les débats : les difficultés des femmes africaines de pouvoir politique et économique, l’apport des femmes africaines aux industries créatives voire les questions de nutrition. Mais « comme l’Afrique est multiple », elle a également annoncé plusieurs déclinaisons de l’événement sous le nom de WIA [Women in Africa] Exchange, dont le premier se déroulera à Shanghaï en janvier prochain.
Il est ensuite prévu que la série de rencontres pose ses valises à Addis Abeba en février, Paris et Berlin simultanément en mars prochain pour la journée de la Femme [le 8 mars] et enfin à Dakar.
« On veut créer une communauté mondiale de femmes, assure Aude de Thuin. Si sur un continent en pleine croissance où la force de travail est à 50% féminine (contre une moyenne de 40% dans les pays de l’OCDE), l’émancipation des femmes devient une problématique majeure, elle se heurte cependant à beaucoup de freins ».
Des fonds mis sur les rails
Détaillant les éléments d’un étude réalisée avec son partenaire Roland Berger, qui sort en ce moment, elle estime que « le taux de fertilité très important constitue un obstacle au développement des femmes dans le monde du travail, les jeunes femmes ont des enfants très tôt, il y a un moindre accès à l’éducation et des difficultés accrues pour accéder aux financements. Beaucoup de femmes n’ont pas le droit de posséder des terres ou d’obtenir des crédits ».
Admettant toutefois « qu’il fallait également être ancré dans des projets concrets pour changer les choses », un fonds de dotation baptisé WIA Accelerator verra le jour. Il sera financé par des fondations africaines, ainsi que par WIA Capital, un fonds d’investissement « crée par et pour des femmes africaines ».
Le conseil d’administration de l’entité WIA — dont la nature juridique n’a pas été détaillée — comprend d’ores et déjà plusieurs personnalités issues du monde de la finance.
On y trouve Charlotte Aubin-Kalaidjian, une ancienne de la banque d’investissement Morgan Stanley à la tête de l’entreprise Greenwish Partners, qui a levé en juin 250 millions de dollars auprès d’investisseurs américains pour développer des projets d’énergie solaire en Afrique, notamment au Sénégal. Laureen Kouassi-Olsson responsable des investissements au sein du fonds d’investissement Amethis Finance, est également concernée, de même que Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes.
Aude de Thuin s’est fixé un quota minimum de 25% d’hommes présents dans chacune de ces initiatives. « C’est hommes et femmes ensemble qu’on peut faire avancer les choses », pour la fondatrice du « Davos des femmes ».
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