RDC : le printemps de la jeunesse

Publié le 16 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

La RDC a tout pour décoller. © andré thiel/flickr
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La RDC, un diamant brut

Avec ses millions d’hectares de terres arables, de mètres cubes de minerais précieux et ses ressources humaines, le pays a tout pour décoller. À condition bien sûr que les conflits cessent, que la gouvernance s’améliore vraiment, que les investisseurs reviennent. Et que l’avenir politique s’éclaircisse enfin.

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Jean Goubald Kalala est un musicien congolais (RDC).

En RDC, les jeunes ne mangent plus à leur faim. Ils peinent à poursuivre des études. Certains ont dû les interrompre faute de moyens financiers, d’autres n’ont jamais emprunté le chemin de l’école. Bientôt, beaucoup seront contraints de survivre dans la rue. Ils deviendront vendeurs d’eau ou taxis-motards. À moins qu’ils ne rejoignent, hélas, les rangs des kuluna, ces brigands armés de machettes qui sèment la terreur dans la capitale et dépouillent les passants.

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Le mal est profond. Dans les familles, la cohésion d’antan a volé en éclats. Jadis chef de foyer, le père ne parvient plus à subvenir aux besoins des siens. Fonctionnaire ou agent de l’État, il est sous-payé… quand il est payé. C’est donc désormais à la mère que revient la charge de nourrir la famille – grâce à de petits commerces, à des activités informelles et, surtout, à la débrouille. Ce qui n’est pas sans entraîner un déséquilibre dans les ménages.

L’équation se complique encore lorsque l’État se désiste, se désinvestit de l’éducation, laissant à ces parents déjà mal rémunérés la responsabilité du versement des salaires – pourtant insignifiants – des enseignants. Concrètement, on demande à celui qui gagne 60 000 francs congolais par mois, soit environ 65 dollars [50 euros], de payer pour son enfant un minerval (droit d’inscription) équivalent à 300 dollars. Dans ces conditions, comment peut-on envoyer ses enfants à l’école ? Sachant qu’une famille congolaise en compte en moyenne trois ou quatre…

>> Lire aussi : l’éducation, victime collatérale du conflit dans le Nord-Kivu

Où est passé l’État ? La question s’impose. La jeunesse semble perdue. Abandonnée. Les milliers de shegué ou « moineaux » qui vivent dans les rues de Kinshasa et des autres grandes villes congolaises n’attendent pourtant qu’un petit geste. Eux aussi ont droit à un avenir. Comme les « fils et filles de » qui, de leur côté, sont envoyés à l’étranger pour poursuivre leurs études dans les meilleures écoles et universités.

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>> Voir l’interview vidéo de Rachel Mwanza : à Kinshasa, « des enfants des rues se font violer par de vieux messieurs »

Chaque jour, le ravin se creuse davantage entre le peuple et ses dirigeants. Ces derniers deviennent de plus en plus riches, la population, elle, devient de plus en plus pauvre. Quelques-uns s’octroient des salaires démesurés et se complaisent dans le luxe, ne laissant que des miettes à leurs administrés, qui souffrent, se débattent pour survivre et n’en peuvent plus. Une injustice bien visible qui n’émeut plus personne.

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Le temps du redressement est venu. Il faut un projet de société, un plan pour assurer l’avenir des générations futures, pour arrêter l’hémorragie. Tout Congolais se doit de porter sur les jeunes un regard bienveillant. Ils ont besoin de nous, de notre soutien et de l’implication de chacun.

Mais l’impulsion doit venir d’en haut. On ne dirige pas un grand pays comme la RDC sans une vision. La culture du Nzambe akosala (« Dieu agira », en lingala) a montré ses limites et, aujourd’hui plus que jamais, les dirigeants doivent mettre en place une stratégie de développement pour les jeunes.

La jeunesse congolaise n’en demande d’ailleurs pas plus. Elle est talentueuse et prête à se mettre au travail, pour son propre développement et celui de son pays. Cessons d’entraver son épanouissement au profit d’intérêts ­égoïstes. Cessons de lui briser les ailes, de lui voler son avenir.

Cessons aussi de croire en ces pasteurs qui, chaque jour, accusent des enfants de « sorcellerie », les privant ainsi délibérément de leur innocence. Jetés dans la rue à l’âge de 7 ans, parfois beaucoup plus jeunes, ces ndoki se retrouvent du jour au lendemain sans toit et sans famille, obligés de faire la manche, ou pis, de vendre leur corps, pour survivre… Pendant que les « hommes de Dieu », eux, profitant des mabonza et autres dîmes récoltées en échange d’exorcismes et de prétendues bénédictions ou délivrances, s’offrent 4×4 et villas. Triste réalité congolaise !

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