RDC : ça se passe comme ça, à L’Espace Ngoma de Kisangani

Créée en 2006, cette salle de spectacle est le point de ralliement des artistes boyomais. En pratique, elle sert aussi de maison de la culture et rayonne bien au-delà de Kisangani.

La scène, installée dans l’ex-Athénée royal. © Gwen Dubourthoumieu pour J.A.

La scène, installée dans l’ex-Athénée royal. © Gwen Dubourthoumieu pour J.A.

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Publié le 17 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

La RDC a tout pour décoller. © andré thiel/flickr
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La RDC, un diamant brut

Avec ses millions d’hectares de terres arables, de mètres cubes de minerais précieux et ses ressources humaines, le pays a tout pour décoller. À condition bien sûr que les conflits cessent, que la gouvernance s’améliore vraiment, que les investisseurs reviennent. Et que l’avenir politique s’éclaircisse enfin.

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Une fin d’après-midi, à Kisangani. Le soleil luit encore férocement. À l’heure où les bars accueillent leurs premiers clients, les comédiens, eux, ont pris l’habitude de se retrouver chaque jour à l’Espace Ngoma. S’il n’y a pas de spectacle tous les soirs, il y a toujours une Primus (la bière locale) à se partager, à l’ombre, sur une terrasse aménagée à la va-vite devant le bâtiment. Rythmée par la rumba et quelques titres de musique urbaine en vogue, l’ambiance est conviviale. « Dans un centre culturel, il y a toujours un café d’artistes », note Olivier Maloba, chargé de projet et directeur artistique du Théâtre des Amazoulous, centre de création, d’échanges et de montage des spectacles (Taccems). On ne s’éloigne pas, en tout cas, de la vocation première de l’Espace Ngoma : constituer un « centre d’attraction » pour les artistes boyomais (originaires de Kisangani).

L’idée de créer ce point de rassemblement est née au milieu des années 1990. Des comédiens de la Province-Orientale, dont Magloire Bolunda, Bwana Tcheko et Olivier Maloba, ont participé au Festival international de l’acteur, à Kinshasa, aux côtés du célèbre Mutombo Buitshi. « C’est à l’issue de cet événement que nous avons pris conscience de l’existence d’une industrie culturelle, se souvient Olivier Maloba. Nous avons enfin compris que les artistes pouvaient vivre de leur métier. »

Le centre se définit désormais comme le « pôle culturel est » du pays, et, chaque année depuis 2009, organise des festivals de théâtre.

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Dès son retour à Kisangani, le trio rassemble des comédiens boyomais autour d’un projet commun. Après quelques désistements, notamment celui de Bwana Tcheko, l’Espace Ngoma voit le jour en 2006 et prend ses quartiers dans l’enceinte abandonnée de l’ancien Athénée royal – une salle de sports, à l’origine.

Des saynètes sur l’éducation civique

Depuis, le centre culturel français ayant fermé ses portes au début des années 1990, L’Espace Ngoma fait office de maison de la culture et, comme la plupart des activités artistiques en RD Congo, bénéficie du soutien financier de l’association belge Africalia. « Avant, le prix de location des salles dans la ville décourageait plus d’un comédien de monter sur scène. Aujourd’hui, nous ne sommes plus confrontés à ce blocage, puisque, avec L’Espace Ngoma, nous avons une salle de spectacle à notre disposition », se réjouit Alpha Boningoli, étudiante en médecine et coordonnatrice de la compagnie théâtrale Chic Choc.

Mieux, le centre se définit désormais comme le « pôle culturel est » du pays, et, chaque année depuis 2009, organise des festivals de théâtre dans la ville, ouverts non seulement à tous les artistes de la Province-Orientale, mais aussi à ceux des provinces voisines, voire de Kigali (Rwanda) ou de Bujumbura (Burundi). Après le triomphe, cette année, d’un groupe de Bunia, sacré « meilleure compagnie » du Festival Ngoma, ce dernier pourrait s’exporter en 2015 à Goma, la capitale du Nord-Kivu.

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Fidèle à sa vocation de « théâtre populaire et de sensibilisation », le Taccems s’apprête par ailleurs à lancer son « Bateau de la démocratie ». Dès l’an prochain, avec l’appui de l’Union européenne, un groupe de comédiens naviguera ainsi entre Kisangani et Bumba le long du fleuve Congo, s’arrêtant dans chaque village pour présenter des saynètes axées sur l’éducation civique.

Pendant ce périple fluvial, l’art n’abandonnera pas pour autant les Boyomais, puisque Kisangani compte d’autres acteurs culturels très actifs, comme l’Alliance franco-congolaise (Afraco) ou les Studios Kabako, impliqués dans la promotion de la danse contemporaine.

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Trésor Kibangula

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