Kenya : le gouvernement a-t-il mis sur pied des escadrons de la mort contre des islamistes ?
Furieux, le gouvernement kényan a ordonné mardi 9 décembre une enquête sur les personnes impliquées dans un reportage de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira accusant la police de recourir à des « escadrons de la mort » pour éliminer des islamistes radicaux.
Le reportage diffusé lundi 8 décembre au soir par la chaîne qatarie Al-Jazira a été reçu comme une gifle par Nairobi. L’enquête cite des hommes présentés comme des agents de la police antiterroriste kényane et affirmant être impliqués dans un programme d’assassinats autorisé par de hauts responsables de la police et du gouvernement.
Réponse des autorités qui démentent "recourir à des escadrons de la mort" : le documentaire d’Al-Jazira est "scandaleux et contraire à l’éthique". Il "peut nuire à la sécurité du pays et à notre combat contre le terrorisme". Il chercherait même à "créer un mouvement de panique et à attiser les tensions religieuses". Conséquence : "le gouvernement a demandé aux autorités compétentes d’ouvrir une enquête dans le but de poursuivre les personnes impliquées dans ce documentaire", lesquelles risqueraient des peines allant jusqu’à trois ans de prison.
Responsables limogés
Le Kenya est la cible de nombreux attentats depuis l’intervention de ses forces armées contre les Shebab dans le sud de la Somalie voisine, débutée en 2011 et toujours en cours au sein des forces de l’Union africaine (Amisom). En septembre 2013, l’attaque contre le centre commercial Westgate de Nairobi avait fait au moins 67 morts et le gouvernement avait alors été critiqué pour sa gestion de la crise. Il y a quelques jours, le ministre de l’Intérieur et le chef de la police ont été limogés après un nouveau massacre perpétré par des islamistes somaliens shebab, affiliés à Al-Qaïda, dans le nord-est du Kenya.
>> Lire aussi: #Tumechoka ou quand les Kényans sont "fatigués" des attaques des Shebab
Le Parlement du Kenya doit débattre dans les prochains jours d’un nouveau projet de durcissement de la législation en matière de sécurité. Plusieurs prédicateurs islamistes ont été tués dans la ville portuaire de Mombasa ces dernières années. Les partisans de ces leaders religieux et des organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé des exécutions extrajudiciaires.
(Avec AFP)
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