Sylviane Guillaumont : « Le CFA n’est pas si mauvais »
La chercheuse au Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi) est le grand invité de l’économie RFI-Jeune Afrique.
![Sylviane Guillaumont (France), professeur émérite à l’Université d’Auvergne, chercheur au Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi), invitée de l’émission de l’émission de RFI d’Eci Ici, Eco d’Ailleurs le 2.12.2016. © Camille Millerand/Divergence-Images pour JA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/12/02/rs70954_ja16120212550012.jpg)
Sylviane Guillaumont (France), professeur émérite à l’Université d’Auvergne, chercheur au Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi), invitée de l’émission de l’émission de RFI d’Eci Ici, Eco d’Ailleurs le 2.12.2016. © Camille Millerand/Divergence-Images pour JA
Le 29 septembre, Sylviane Guillaumont Jeanneney célébrait les 40 ans du Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi) à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France. De nombreuses personnalités, parmi lesquelles Alassane Ouattara, avaient fait le déplacement. Par ce centre cofondé avec son mari, Sylviane Guillaumont est au cœur des questions de développement en Afrique subsaharienne francophone et a formé des dizaines de hauts fonctionnaires du continent.
Sahel
Le Sahel est la question la plus importante pour l’Afrique, pour l’Europe et la France. Il y a plusieurs points importants. Le premier concerne l’éducation : les taux de scolarisation ont certes beaucoup augmenté, mais on a surtout voulu faire du quantitatif. Au Niger, par exemple, il y a un développement très important des écoles coraniques parce que les écoles publiques ne répondent pas aux aspirations des parents en termes de qualité. L’autre domaine d’action essentiel est l’agriculture. Il faut développer des semences résistantes à la sécheresse et fixer les populations jeunes sur place.
Franc CFA
Si ce système existe depuis autant de temps, c’est qu’il n’est pas si mauvais. Il n’est pas désuet, mais au contraire extrêmement moderne. De plus, à l’inverse de ce qui se dit, la France n’a qu’un tout petit rôle sur le sujet. Après, je pense qu’il ne faut pas oublier qu’il y a deux F CFA et non un seul. Concernant la parité avec l’euro, je ne pense pas qu’elle entraîne une surévaluation en Afrique de l’Ouest, notamment du fait du recul de la monnaie européenne. Pour l’Afrique centrale, la donne est différente : les pays de cette zone ont bénéficié dans le passé d’une hausse du prix du pétrole et cela a gêné l’industrialisation. Il y a donc certainement un problème dans cette zone, mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il faut dévaluer. N’oublions pas que qui dit dévaluation dit inflation, ce qui est très grave pour les plus pauvres.
Tunisie
Ce pays a montré qu’il était capable de démocratie. Mais s’il aboutit à un appauvrissement des populations, ce régime ne pourra pas perdurer. Il y a deux problèmes fondamentaux en Tunisie : le déséquilibre territorial – à ce titre on peut espérer que les montants promis lors de Tunisia 2020 serviront aux régions intérieures – et la question des diplômés chômeurs, qui sont très nombreux.
Institutions
Il y a actuellement une grande discussion parmi les bailleurs pour savoir s’ils doivent mettre leur argent plutôt dans la Banque africaine de développement (BAD) ou dans la Banque mondiale. Je pense qu’ils devraient financer un peu plus la BAD car cela irait dans le sens d’une meilleure appropriation des politiques de développement par les Africains.
Propos recueillis par Jean-Pierre Boris (RFI) et Frédéric Maury (JA)
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