Des Sénégalais de plus en plus impatients

Décidément, le pays de la Teranga se révèle être, une fois de plus, une terre de paradoxes.

Macky Sall à Paris en février 2015. © Bruno Levy pour JA

Macky Sall à Paris en février 2015. © Bruno Levy pour JA

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Publié le 19 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

La ville de Dakar, en mars 2008. © REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA
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Sénégal : objectif 2017

Place sur l’échiquier africain, résultats économiques, dynamique sociale… Où en est le pays depuis le début du septennat de Macky Sall, en 2012 ? Pour l’exécutif comme pour l’opposition, les législatives de juin prochain auront valeur de premier grand test.

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Et ceux-ci sont nombreux. En dépit du légendaire sens de l’hospitalité des Sénégalais et de leur propension au maslaa (« compromis », en wolof) et au dialogue, deux faits divers récents – le meurtre d’un chauffeur de taxi, abattu à bout portant dans une station-service à Dakar, et celui de la cinquième vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental – ont sérieusement écorné cette réputation et fortement ému l’opinion publique. Au point que les tenants d’un retour à l’application de la peine de mort ont donné de la voix avec la dernière énergie.

En dépit d’indéniables résultats sur le terrain économique, dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE) – croissance retrouvée, développement des infrastructures, construction d’une nouvelle ville à Diamniadio, investissements publics massifs dans le monde rural, Couverture maladie universelle, etc. –, une bonne partie des Sénégalais a bien du mal aujourd’hui encore à joindre les deux bouts. À l’origine de cette situation, la cherté des produits de consommation courante, de l’électricité et des loyers, mais aussi le chômage massif des jeunes.

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En dépit, enfin, de la cote de popularité et de la bonne image dont sont crédités le pays et son chef d’État sur la scène diplomatique internationale, on assiste à un « Macky bashing » systématique de la part de ses détracteurs sur le plan intérieur. Comme dit le proverbe, nul n’est prophète en son pays. Et encore moins lorsqu’il s’agit de celui de la Teranga, où le dénigrement de l’action du chef de l’État et de son gouvernement est inscrit dans l’ADN de l’opposition.

C’est aujourd’hui au tour du président Macky Sall de se voir confronté aux humeurs de l’opinion et aux attaques des politiciens,

Souvent à tort, parfois à raison. En tout cas un peu trop systématiquement, surtout à l’approche d’un scrutin. L’aura internationale d’un Léopold Sédar Senghor était-elle proportionnelle à la critique récurrente dont il faisait l’objet sur le plan intérieur ?

C’est aujourd’hui au tour du président Macky Sall de se voir confronté aux humeurs de l’opinion et aux attaques des politiciens, dont l’objectif est de tirer leur épingle du jeu aux législatives de juin 2017. Une sorte de répétition générale avant la présidentielle de 2019.

Aujourd’hui, le patron de l’Alliance pour la République (APR) semble avoir l’essentiel des cartes en main, grâce à une confortable majorité Place Soweto et au soutien de deux des principales formations politiques du pays, le Parti socialiste (PS) et l’Alliance des forces de progrès (AFP).

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Il devra batailler contre la nouvelle coalition Manko Wattu Sénégal, qui rassemble diverses personnalités politiques d’envergure comme Idrissa Seck, Abdoulaye Baldé, Modou Diagne Fada, Malick Gakou, Mamadou Lamine Diallo et Abdoul Mbaye. Il devra aussi ferrailler contre le Parti démocratique sénégalais (PDS), diminué cependant par une série de défections liées au parachutage de Karim Wade à sa tête.

Pourtant, la bataille la plus cruciale que va devoir mener le duo exécutif Macky Sall-Mahammed Abdallah Dionne, pour espérer conserver sa majorité, c’est celle des résultats. Au regard des promesses de « rupture » formulées en 2012 par le candidat de l’APR en matière de gouvernance, de lutte contre la transhumance politique, d’indépendance de la justice, de gestion des ressources publiques, etc., le bilan, même s’il n’est pas définitif, reste mitigé pour des Sénégalais de plus en plus impatients.

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Leur pays a-t-il suffisamment changé ? Sont-ils convaincus ? Rendez-vous dans les urnes, dans six mois.

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