Sénégal : pour une autre croissance

Selon les chiffres officiels confirmés par le FMI, en quatre ans de gouvernance Macky Sall, le Sénégal aurait trouvé un chemin de croissance réelle inédit dans son histoire : 2,6 % en 2011, 3,4 % en 2012, 3,5 % en 2013, 4,5 % en 2014, 6,5 % en 2015 et, en projection, 6,6 % en 2016 et 6,8 % en 2017.

La corniche Est de Dakar. © Jeff Attaway/ Flickr creative commons

La corniche Est de Dakar. © Jeff Attaway/ Flickr creative commons

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  • Mamadou Lamine Diallo

    Économiste sénégalais, Mamadou Lamine Diallo est député du Mouvement Tekki, dont il est le fondateur.

Publié le 19 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

La ville de Dakar, en mars 2008. © REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA
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Sénégal : objectif 2017

Place sur l’échiquier africain, résultats économiques, dynamique sociale… Où en est le pays depuis le début du septennat de Macky Sall, en 2012 ? Pour l’exécutif comme pour l’opposition, les législatives de juin prochain auront valeur de premier grand test.

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Pour le chef de l’État, c’est une preuve de la justesse de sa vision et de ses orientations consignées dans le Plan Sénégal émergent (PSE), élaboré en 2013 et rendu public en 2014. Il envisage d’en faire une loi d’orientation pour vingt-cinq ans. Macky Sall aurait donc trouvé la solution définitive au développement du Sénégal, recherchée depuis l’indépendance politique, en 1960.

Cette croissance serait portée par l’agriculture, soutenue massivement par des subventions de l’État (au quatrième trimestre de 2015, la croissance de l’agriculture serait de 22 %) et par l’investissement public dans les infrastructures urbaines (ville nouvelle à Diamniadio, à 40 km de Dakar, autoroute Dakar-Mbour-Thiès-Touba, aéroport de Ndiass) et rurales (forages, pistes, moulins à mil) dans le cadre d’un programme spécial exécuté par le Pnud – le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC).

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Afin de lutter contre les inégalités héritées du passé, Macky Sall a lancé deux programmes spéciaux : les bourses familiales (300 000 familles réparties sur le territoire national reçoivent une allocation de 25 000 F CFA, soit 38 euros, par trimestre) et la couverture médicale universelle, qui vise à assurer à tous les Sénégalais un minimum de soins de base gratuits.

On notera que le chef de l’État a bénéficié de trois facteurs favorables : la pluviométrie, l’entrée en production d’une mine de zircon et la baisse des prix des produits pétroliers. Sans parler de la réduction du stock de la dette publique, après l’atteinte du point d’achèvement, en 2006.

Plusieurs questions restent cependant posées. Si l’inflation ne constitue pas un problème dans un régime de change fixe arrimé à l’euro, cette croissance annoncée (les chiffres sont encore provisoires) est en revanche confrontée à un déficit budgétaire de plus de 4 % du PIB et, surtout, à un déficit structurel du compte courant de la balance des paiements (10 % du PIB), malgré les transferts importants de la diaspora sénégalaise (10 % du PIB).

C’est la raison pour laquelle nous estimons que le Sénégal n’a pas amorcé une transformation structurelle de son économie, c’est-à-dire le passage à un nouveau régime de croissance structurelle (hors effets conjoncturels), laquelle se situe historiquement à 3 %. En l’occurrence, le pays bénéfice d’une conjoncture favorable. Toutefois, la croissance actuelle est captée par les grandes entreprises d’infrastructures, souvent étrangères, et par la consommation de la nouvelle élite politique au pouvoir, au grand dam des PME-PMI et du secteur informel pourvoyeurs d’emplois. L’extrême pauvreté et la précarité restent préoccupantes.

Le pays n’est pas passé à un nouveau régime de croissance structurelle

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En outre, cette croissance s’appuie sur un endettement massif auprès des banques de l’UEMOA et de la Chine, en plus de l’important soutien des partenaires techniques et financiers traditionnels. Le service annuel de la dette publique (600 milliards de F CFA) se situe à hauteur de 30 % des recettes fiscales.

Le FMI ferme les yeux, sans doute pour des raisons politiques. Le Sénégal étant l’un des seuls points de stabilité dans la sous-région, Macky Sall avait charmé les Occidentaux par l’annonce de son engagement à réduire son mandat et par la promesse d’une gouvernance sobre et vertueuse. L’implication de son frère Aliou Sall et la captation de 30 % des réserves de gaz naturel (135 milliards de m3) par la nébuleuse Timis Corporation ont mis de l’eau dans le gaz de cette gouvernance. Attention au retournement de conjoncture !…

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Une chose est sûre : le chef de l’État devra revoir sa copie – qualifiée de « géniale » – du PSE, à la lumière de l’exploitation future du gaz de Saint-Louis et de Cayar, et de celle du pétrole de Joal, découvert par la firme britannique Cairn Energy.

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