Maroc : des propos de Benkirane sur la politique russe en Syrie créent un incident diplomatique

L’ambassadeur de la Russie à Rabat a protesté, lundi, contre les critiques émises par le chef du gouvernement sur l’intervention de la Russie en Syrie. Rabat a dû intervenir pour éteindre un début d’incident diplomatique.

Abdelilah Benkirane, chef du PJD, avait été reconduit comme chef du gouvernement le 10 octobre 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Abdelilah Benkirane, chef du PJD, avait été reconduit comme chef du gouvernement le 10 octobre 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 6 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Le chef de gouvernement a failli provoquer une crise diplomatique entre le Maroc et la Russie, suite à une interview qu’il a accordée, le 30 novembre, au journal arabophone, Al Quds Press, où il a critiqué l’intervention de Moscou en Syrie.

« Ce que fait le régime syrien contre son peuple, soutenu par la Russie et d’autres pays, dépasse toutes les limites humaines « , a-t-il déclaré. Avant de s’emporter : » Pourquoi la Russie veut-elle détruire la Syrie à ce point ? Pourquoi n’intervient-elle pas pour trouver une solution à cette crise au lieu de chercher à l’aggraver ?  »

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Salaheddine Mezouar en pompier

La réaction de la Russie, liée au Maroc par un partenariat stratégique, ne s’est pas fait attendre. Lundi 5 décembre, l’ambassadeur russe, Valery Vorobiev, a demandé à voir le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, pour lui faire part de la préoccupation de son pays suite aux propos « d’un très haut responsable gouvernemental accusant la Russie d’être responsable de la destruction de la Syrie ».

Le ministre marocain a dû faire appel à tout son savoir-faire diplomatique pour rectifier la bévue du chef islamiste, en assurant que le Maroc restait engagé en faveur « d’une solution politique qui garantisse la stabilité de la Syrie, préserve son unité nationale et son intégrité territoriale et qu’il est aussi préoccupé par les drames humains graves engendrés par la crise syrienne « .

Ses nouvelles alliances avec Vladimir Poutine imposent à Mohammed VI une certaine retenue dans ses positions diplomatiques

Sur un sujet clivant comme celui de la guerre en Syrie, les responsables marocains adoptent une politique modérée, en essayant de ménager à la fois les sentiments de la rue arabe et les susceptibilités de la grande puissance de l’Est. En octobre 2012, le roi du Maroc avait ainsi effectué une visite au camp Zaâtari, un des plus grands centres de réfugiés syriens à la frontière de la Jordanie, et y avait déployé un hôpital de campagne. Mais en même temps, ses nouvelles alliances avec Vladimir Poutine lui imposent une certaine retenue dans ses positions diplomatiques.

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« Le Maroc est convaincu que la résolution de la crise syrienne exige une forte implication de la communauté internationale et, notamment, des puissances en mesure d’agir sur le terrain et de peser sur le cours des événements. Il respecte le rôle et l’action de la Fédération de Russie sur ce dossier comme sur d’autres questions internationales », indique le communiqué du Ministère des Affaires étrangères.

Mise au point cinglante pour Benkirane

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Le Maroc estime qu’un sujet « grave et complexe » ne peut faire l’objet « d’improvisations hasardeuses » ou « d’un avis personnel ». Une mise au point cinglante visant à rappeler au responsable islamiste que la diplomatie fait partie des domaines régaliens réservés au roi et qu’il n’a pas intérêt à s’en mêler.

Mohammed VI a effectuée un visite officielle en Russie en mars dernier et cherche à en faire un allié afin de s’adjuger son soutien sur la question du Sahara et ouvrir aux entreprises marocaines un marché de 143 millions d’habitants.

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