Algérie : plus d’un millier de migrants arrêtés à Alger et évacués vers le sud du pays
La ligue algérienne des droits de l’Home estime que depuis vendredi, près de 1 400 migrants subsahariens, arrêtés à Alger, sont conduits à l’extrême sud du pays. Pour être expulsés ? L’Algérie semble en tout cas être en train de revoir sa politique migratoire.
Ils décrivent des conditions de rétention « abominables ». Les migrants subsahariens, qui ont été arrêtés à Alger les premiers jours de décembre et regroupés dans un centre de vacances de la banlieue ouest de la capitale, sont arrivés dans un camp de réfugiés situé à plus de 2 000 km au sud.
« Ils manque de tout : de couvertures, de nourriture », déplore Khalil Abdelmoumène, secrétaire général de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Laddh), qui rappelle les autorités à leurs engagements internationaux. « L’Algérie est signataire des Conventions de Genève, de la protection des travailleurs migrants et des droits de l’enfant. Ces personnes ont des droits ! »
Depuis vendredi 2 décembre au soir, des convois de bus transportant des femmes, des enfants et des hommes originaires d’Afrique de l’Ouest, rallient Tamanrasset [depuis Alger]. Ils seraient des milliers, parmi lesquels des demandeurs d’asile, à être menacés d’expulsion vers leur pays d’origine.
« Selon une première estimation, 1 400 migrants, y compris des femmes enceintes et des nouveaux nés, ont été raflés à Alger et emmenés de force à Tamanrasset. Mais ce chiffre a largement été dépassé depuis, explique Khalil Abdelmoumène, il nous est difficile de dire avec exactitude combien de personnes ont été contraintes de monter dans des bus sans savoir où ils allaient : nous n’avons pas accès au centre de Zeralda. Le site est encore quadrillé par les gendarmes. »
Virage dans la politique migratoire algérienne ?
L’Algérie semble entreprendre un virage dans sa politique migratoire. Jusque-là, seuls des Nigériens ont été rapatriés en accord avec Niamey. Les expulsions de migrants subsahariens, détenteurs d’autres nationalités, ont effectivement été interrompues depuis 2012, en raison du conflit malien.
Difficile encore de comprendre ce qui motive ce basculement. Contacté par nos soins, le ministère des Affaires étrangères n’a pas souhaité commenter l’affaire.
Coïncidence d’agenda, ce virage intervient alors que l’Algérie fait les yeux doux aux entrepreneurs africains, en organisant le premier Forum africain d’investissement et d’affaires.
Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), dénonce une « schizophrénie politique ». Pour lui, il y a « une contradiction flagrante entre les déclarations de responsables algériens faites durant ce sommet et ce qu’on voit sur le terrain ».
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