Maroc : une pétition pour permettre aux artistes d’investir l’espace public

Permettre aux artistes marocains de se produire librement dans la rue. Tel est l’objectif d’une pétition initiée par une association culturelle, et qui sera soumise au chef de gouvernement si le nombre de signatures escompté est atteint.

Un jongleur de rue au Maroc. Extrait de la vidéo de campagne de l’association Racines pour « le libre accès de l’espace public par les citoyens ». © Capture d’écran / Association Racines / Youtube

Un jongleur de rue au Maroc. Extrait de la vidéo de campagne de l’association Racines pour « le libre accès de l’espace public par les citoyens ». © Capture d’écran / Association Racines / Youtube

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 14 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Au Maroc, un artiste ne peut pas se produire sur la voie publique sans autorisation administrative, au risque de se faire embarquer au poste de police le plus proche. Dans la loi, les productions artistiques de rue sont assimilées aux manifestations et aux rassemblements publics, bête noire des autorités qui redoutent des débordements.

L’association Racines pour la culture a lancé mi-novembre une pétition nationale pour « le libre accès à l’espace public par les citoyens », « cet espace violent, discriminatoire pour les femmes et constamment sous surveillance ».

la suite après cette publicité

500 signatures

La pétition, baptisée Fadae (Free Access and Diversity for All and Everyone), demande « la mise en place de politiques de sécurité publique et de plans d’aménagement urbains qui permettent la libre exploitation de l’espace public, pour toutes et tous, sans exclusion ».

Elle a recueilli 500 signatures sur les 5 000 escomptées pour permettre à l’association de saisir le chef de gouvernement.

Depuis juillet, conformément à un principe inédit figurant dans la Constitution de 2011, les Marocains ont le droit de présenter des pétitions aux pouvoirs publics ainsi que des motions en matière législative.

la suite après cette publicité

Cette pétition sera donc la toute première traduction du principe de la démocratie participative. Mais pour qu’elle soit recevable, la loi exige que les signataires se déplacent au bureau de l’association Racines pour la culture et y déposent une copie de leur carte d’identité.

Un espace public festif

la suite après cette publicité

 » Nous voulons réinvestir l’espace public, l’adoucir, nous l’approprier, en faire un lieu de fête « , explique Aadel Essadani, coordinateur général de l’association en question.

Il rêve de rues animées à l’instar des Ramblas de Barcelone, où les comédiens « joueraient librement leurs scènes et où les danseurs exécuteraient leurs chorégraphies sans gêne ».

Annulation dans 4 villes

En 2015, son association a initié, avec d’autres partenaires, une pièce de théâtre-forum qui vise à sensibiliser l’opinion à la cause des migrants Subsahariens. Elle été interdite plusieurs fois par les autorités malgré le dépôt d’une demande d’autorisation.

Appelée B7al B7al (On est tous pareils), elle a été jouée dans plusieurs régions du Maroc, mais « dans quatre villes, les agents d’autorités se sont pointées un quart d’heure avant le début du spectacle pour nous dire qu’ils avaient reçu des ordres d’en haut afin de tout arrêter », signale Aadel Essadani.

Sans se démonter, il décide de tenir une conférence de presse afin de dénoncer ces agissements. Depuis, dit-il, la pièce est jouée librement dans les rues.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Casablanca, le 28 juin. Manifestation de soutien à deux femmes poursuivies pour outrage à la pudeur parce qu’elles portaient… une robe. © Fadel Senna/AFP

Maroc : le royaume aux deux visages

Contenus partenaires