Littérature : les dix livres qui feront la rentrée 2017
Après une bonne moisson d’automne, la récolte de janvier s’annonce passionnante : nombre de titres en lien avec l’Afrique paraîtront au début de l’année 2017.
Il y a traditionnellement deux rentrées littéraires en France, celle de septembre et celle de janvier. La première est la plus médiatisées, puisqu’elle est suivie d’une avalanche de prix. Mais ce n’est pas une raison pour ignorer la seconde. Surtout quand elle offre toute une série de titres prometteurs en lien avec l’Afrique.
Voici notre sélection d’ouvrages à paraître au début de l’année 2017.
1/ Emmanuel Dongala, La Sonate à Bridgetower (éd. Actes Sud)
L’écrivain congolais, auteur célébré de Johnny chien méchant et de Photo de groupe au bord du fleuve, revient avec un roman historique ambitieux. Il entend en effet conter l’histoire du talentueux violoniste George Bridgetower, fils d’un Nègre de la Barbade et d’une Polonaise, élève du compositeur Haydn et, plus tard, ami de Beethoven. Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle et Dongala ausculte le tournant d’un siècle où les idées des lumières triomphent… Sans pour autant parvenir à s’imposer. Au gré des pages, on croise une multitude de personnages connus comme Alexandre Dumas, Thomas Jefferson, Olympe de Gouge, Choderlos de Laclos et quelques autres.
2/ Ta-Nehisi Coates, Le Grand combat (éd. Autrement)
Après Une Colère noire, Lettre à mon fils, paru l’année dernière en français, les éditions Autrement publient aujourd’hui Le Grand Combat, traduction de The Beautiful Struggle : A Father, Two Sons, and an Unlikely Road to Manhood, livre paru en 2008 du journaliste Ta-Nehisi Coates. Il y raconte son enfance à West Baltimore, dans les années 1980, où tout aurait dû le conduire à devenir un voyou… C’était sans compter l’influence de son père, ancien Black Panther, qui lui fit découvrir les écrits de James Baldwin et de Malcolm X.
3/ Yaa Gyasi, No Home (éd. Calmann-Lévy)
Au XVIIIe siècle, lorsque le Ghana est encore une colonie britannique et néerlandaise. Les demi-sœurs Effia et Esi naissent dans deux villages rivaux à l’époque du commerce triangulaire. Effia épouse un Anglais, et mène une existence tranquille au fort de Cape-Coast, ignorant que sa sœur Esi est emprisonnée dans les cachots mêmes du fort, victime du commerce des esclaves. Déportée, Esi quitte le port de la Côte-de-l’Or pour l’Amérique, où ses enfants et ses petits enfants seront aussi esclaves.
La descendance d’Effia, éduquée et métissée, se trouve quant à elle impliquée dans le trafic d’esclaves, formant plusieurs générations de négriers. L’histoire se tisse d’un chapitre à l’autre suivant la généalogie des deux sœurs à travers les siècles, de l’ancien Ghana à l’actuel, des plantations du Sud aux quartiers pauvres d’Harlem. La prose d’Yaa Gyasi navigue à travers le temps dans un roman polyphonique où l’identité n’est jamais figée, et ré-élaborée de génération en génération.
4/ Abdellah Taïa, Celui qui est digne d’être aimé, (éd. Seuil)
Alors que le Maroc sera l’invité du salon du livre de Paris, du 23 au 26 mars 2017, Abdellah Taïa publie Celui qui est digne d’être aimé, roman épistolaire explorant outre les liens du cœur, ceux de la France et du Maroc. Ahmed, quadragénaire homosexuel, écrit à sa mère morte depuis cinq ans pour lui avouer enfin ce qu’est sa vie. Mais dans le même temps, Ahmed écrit aussi à Emmanuel, l’homme qu’il a aimé avec passion et pour lequel il est venu habiter en France.
5/ Parker Bilal, Les Ombres du Désert (éd. Seuil)
On avait quitté l’attachant Makana devant un poste de télévision, alors qu’un avion venait de percuter une tour du World Trade Center, à New York. On retrouve l’ancien flic soudanais quelques mois plus tard dans les rues du Caire où se multiplient les manifestations pro-palestiniennes. A priori, sa mission n’est pas bien compliquée : il doit filer le mari de madame Ragab, qui le soupçonne d’infidélité. Facile, vu que ledit mari se déplace en Bentley, une voiture peu ordinaire.
Mais Parker Bilal – pseudonyme de l’écrivain anglo-soudanais Jamal Mahjoub – dispose de plus d’un rebondissement dans son sac et ses énigmes se relèvent in fine bien plus complexe et politiques qu’il n’y paraissait.
6/ Victor Schœlcher, Journal de voyage en Égypte (1844) (éd. Mercure de France)
Il dort au Panthéon, à Paris : Victor Schoelcher, principal artisan de l’abolition de l’esclavage en 1848, n’est pas un auteur à la mode. Il faut pourtant le lire et le relire. Parce que l’homme enquêta à travers le monde, aux États-Unis, dans les Caraïbes, sur les différentes formes que pouvait revêtir l’esclavage. Ce texte est le journal qu’il tient lors de son périple en Egypte, pays complexe dont il essaie de comprendre les rouages.
7/ Janis Otsiemi, Tu ne perds rien pour attendre (éd. Plon)
D’habitude publié par l’éditeur marseillais Jigal, l’auteur de polar gabonais Janis Otsiemi livrera en 2017 le premier tome d’une trilogie chez Plon : Tu ne perds rien pour attendre. Le thème ? « La mafia corse au Gabon et ses ramifications avec le pouvoir. » Il retrouvera son éditeur marseillais, Jigal, dès septembre, avec un autre ouvrage.
8/ Nat Turner, Confessions (éd. Allia).
The Birth of a Nation, qui sortira sur les écrans en janvier 2017, est inspiré des confessions de l’esclave Nat Turner. Lesquelles furent recueillies par l’avocat Thomas R. Gray et publiées en novembre 1831. Soit quatre mois après la révolte d’août, au cours de laquelle des esclaves emmenés par ledit Nat Turner prirent les armes contre leurs maîtres blancs et, de plantation en plantation, les massacrèrent, ainsi que leurs femmes et leurs enfants.
Document historique d’importance, les Confessions de Turner comptent parmi les premières « voix noires » qu’il soit donné d’entendre aux États-Unis. Elles furent adaptées en 1967 par l’écrivain américain William Styron. À l’heure du mouvement Black Lives Matter, les relire peut avoir du sens.
9/ Hisham Matar, La Terre qui les sépare (éd. Gallimard).
Le père d’Hisham Matar a disparu en 1990, alors que Mouammar Kadhafi régnait sur la Libye. Sa famille a reçu quelques lettres, puis plus rien. En 2011, après la chute du dictateur, nombre de prisonniers politiques ont été libérés, mais nulle trace de Jaballah Matar…
Son fils est parti à sa recherche auprès des ONG, des ambassades et de toutes les personnalités susceptibles de l’aider. Il ne l’a jamais retrouvé, mais il en a tiré un livre poignant qui est à la fois l’histoire d’un retour au pays, une méditation sur ces fils qui attendent le retour du père parti à la guerre et, bien sûr, un portrait de la Libye après la révolution.
10/ Hassan Blassim, Cadavre Expo (éd. Seuil).
Né à Bagdad en 1973, Hassan Blassim est écrivain et cinéaste, il vit en Finlande. Cadavre Expo est son premier livre traduit en français. C’est un recueil de quinze nouvelles d’une rare noirceur, mais le quotidien inhumain qu’il décrit n’est pas sans espoir : la poésie, l’humour et l’imagination de l’auteur offrent un exutoire au pire…
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