Tunisie : des sociétés privées font campagne contre la contrebande de carburant

Inquiets de l’impact de la contrebande sur l’économie du pays, des sociétés de distribution de carburant et des propriétaires de stations-service ont lancé une campagne pour sensibiliser les habitants et interpeller le gouvernement.

En Tunisie, la contrebande de carburant pèse sur l’économie nationale. © wilhei/CC/Pixabay

En Tunisie, la contrebande de carburant pèse sur l’économie nationale. © wilhei/CC/Pixabay

Publié le 8 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

«Les contrebandiers de carburants accaparent, à eux seuls, 30% du total des ventes du secteur», a annoncé Lotfi Hamrouni, membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) et président de la Fédération nationale de la chimie, lors d’une conférence de presse le mardi 6 décembre. C’est 20% de plus qu’il y a 10 ans.

Organisée à l’initiative de la chambre syndicale nationale des distributeurs de carburants et de la chambre syndicale nationale des gérants et propriétaires de stations-service, cette conférence sur les causes et l’impact du commerce parallèle fut l’occasion de rappeler quelques chiffres alarmants.

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400 millions de dinars de pertes

La contrebande, qui s’est étendue à l’ensemble du pays, entraînerait d’après le directeur du cabinet d’études et statistiques Sigma Conseil, Hassen Zargouni, un manque à gagner pour l’État d’environ 400 millions de dinars chaque année.

Le marché de la contrebande de carburants compterait, a-t-il par ailleurs expliqué, « entre 100 et 150 barons » en Tunisie, implantés principalement dans les régions du sud et du centre du pays. Avec sous leurs ordres, environ 20 000 contrebandiers dont le prix des bidons d’essence défie toute concurrence mais dont la qualité reste très souvent à désirer.

Selon une étude de Sigma Conseil réalisée en novembre 2016 dans 14 régions du pays, 64% des personnes interrogées justifient leur achat de carburant de contrebande par la différence de prix, tout en étant conscientes des risques encourus. Parmi ceux-ci, la qualité du produit, les effets sur les véhicules, l’utilisation des gains financiers…

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Comment expliquer l’essor de ce phénomène en Tunisie ? Par la passivité du gouvernement tunisien, la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, et la banalisation de la corruption, répond Hassen Zargouni. « L’État doit renforcer sa présence dans les régions frontalières. Il doit agir et combattre ce fléau », tout en veillant à sensibiliser les citoyens et à intégrer progressivement les contrebandiers dans le circuit formel, a-t-il ajouté.

En attendant, les professionnels du secteur pétrolier ont décidé de passer eux-mêmes à l’action.

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« La contrebande est contre toi »

Lancée début décembre, la campagne « El Kontra Kontrek » (« La contrebande est contre toi ») comprend une vidéo et des affiches mettant les citoyens en garde contre le développement du marché de contrebande.

« À cause de la contrebande, je ne trouverai bientôt plus de quoi manger. »« À cause de la contrebande, je serai au chômage. » « À cause de la contrebande, je vais bientôt faire faillite. » Ce sont les messages qu’ont découvert les Tunisiens sur ces affiches, accompagnés du hashtag #SOBENDHIF, pour encourager à se ravitailler en essence plus « propre ».

Sur 900 stations-service réparties sur tout le territoire tunisien, 40 ont dû fermer à cause de la contrebande de carburants et licencier environ 350 employés, avait alerté Mohamed Sadok El Bedioui, président de la Chambre syndicale nationale des gérants et propriétaires de stations-service, en octobre 2015.

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