Mauritanie : Aichetou, des livres, du sable et des envies
Un prénom, tout simplement. C’est ainsi que signe la plus iconoclaste et la plus prolifique des auteures d’origine mauritanienne. Certains disent d’elle qu’elle est provocatrice. D’autres préfèrent éluder le sujet : « Ah, non ! Elle, elle n’est pas mauritanienne ! »
Mauritanie : elles existent et elles l’écrivent
Dans le pays au million de poètes, on publie en arabe ou en hassaniya, en pulaar, en soninké, en wolof et en français. Jusqu’à présent, la littérature francophone mauritanienne ne comptait que de rares plumes féminines. Mais depuis quelques années, romancières et poétesses se font remarquer.
Aichetou est hors code. « Je parle de la vie nomade de mon campement natal à travers ses coutumes : la vie des jeunes filles, le système des castes, l’esclavage et la déplorable condition de la femme en Mauritanie, réplique-t-elle. Je ne cherche pas à plaire. Je décris le monde bédouin où je vivais, un monde appartenant à une antiquité bédouine qui a disparu et qui ne pouvait que disparaître… »
Née et élevée entre Boutilimitt et Rkiz, dans la région du Trarza, où « nomadisait » son campement natal, Aichetou dit être une fille des écoles des tentes noires qui l’ont formée, avant qu’elle atterrisse, à l’âge de 13 ans, un 4 août 1974, dans le Paris de Sartre et Beauvoir. Après son bac et des études de lettres et d’histoire à la Sorbonne, elle s’installe en Italie avec « son Ligure » qu’elle suit en Éthiopie, avant de revenir à Montpellier terminer ses études en histoire romaine et retrouver ensuite son environnement préféré le XIIIe arrondissement parisien, ses piscines et ses environs.
Plus de 30 ans après avoir quitté son désert, elle essaye de le revoir, espérant y retrouver ces souvenirs qui l’ont hantée, mais elle ne reconnaît plus ses bédouins et rentre à Paris, où elle vit depuis. Une blessure de laquelle naît son premier roman, publié en 2003 : « L’Impossible retour », qui raconte sa tentative ratée de revoir son campement, mort.
Allers-retours
Depuis, la souffrance de ne reconnaître ni les femmes, ni les hommes, ni les cultures de son enfance transparaît dans toute son œuvre, engagée, et ses titres, à la fois rageurs, factuels et poétiques : La Ligurienne est partie (2004), DivorceZ de Lui…, Sarabandes sur les dunes (2005), L’Hymen des sables (2006), Elles sont parties (2007), la trilogie des Chroniques du Trarza : Cette Légendaire année verte (2007), La Fin des esseulées et Rabia est arrivée (2008), En attendant ses dix-huit ans (2009), Les Esseulées (2010) et En attendant la lapidation (2013), Autour des femmes de Aïcha, ses coépouses et ses amis (un essai historiquement libre) en 2016.
La « catharsis » d’Aichetou embarque le lecteur dans un éternel aller-retour entre le passé bédouin et le présent parisien de la narratrice. Enseignante-documentaliste en région parisienne, l’auteure consacre ses vacances à l’écriture, un moment privilégié dans son Paris intramuros…
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Mauritanie : elles existent et elles l’écrivent
Dans le pays au million de poètes, on publie en arabe ou en hassaniya, en pulaar, en soninké, en wolof et en français. Jusqu’à présent, la littérature francophone mauritanienne ne comptait que de rares plumes féminines. Mais depuis quelques années, romancières et poétesses se font remarquer.
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